Wikipédia, l’encyclopédie en ligne collaborative qui fait office de référence pour des millions d’internautes, traverse une zone de turbulences. Son principe fondateur de neutralité est remis en question, alors que des accusations de biais idéologiques se multiplient. Le spectre du « wokisme » plane sur le site, suscitant des débats houleux au sein de sa communauté de contributeurs.
Wikipédia, du rêve collaboratif au cauchemar idéologique
Lancée en 2001, Wikipédia incarnait la promesse d’un savoir universel et impartial, coconstruit par des milliers de volontaires passionnés. Mais derrière cette vision idéaliste, les tensions idéologiques n’ont cessé de s’accroître ces dernières années. D’après une source proche du dossier, la majorité des contributeurs actifs de Wikipédia pencheraient désormais à gauche, entraînant des biais dans le traitement de certains sujets sensibles.
Cette dérive présumée a éclaté au grand jour lorsqu’Elon Musk, le sulfureux patron de X (ex-Twitter), a publiquement accusé Wikipédia d’avoir viré « woke ». Une saillie qui a enflammé la toile et poussé la communauté wikipédienne à s’interroger sur ses propres dérives.
Le spectre du wokisme
Le wokisme, cette idéologie venue des campus américains prônant l’éveil aux injustices sociales, semble avoir contaminé Wikipédia. Certains sujets brûlants feraient l’objet d’un traitement orienté, au mépris du sacro-saint principe de neutralité. Des contributeurs dénoncent une forme d’auto-censure et une pression du « politiquement correct » qui mineraient la crédibilité de l’encyclopédie.
On ne peut plus écrire sereinement sur des sujets comme l’immigration ou l’identité sans risquer de se faire taxer de réactionnaire par une meute de contributeurs bien-pensants.
– Un contributeur anonyme de Wikipédia
Des garde-fous qui volent en éclats
Face à ces dérives, les mécanismes de régulation de Wikipédia semblent impuissants. Le système de modération par les pairs, censé assurer la neutralité des contenus, serait gangréné par des biais militants. Des « cabales » de contributeurs influents feraient la loi, imposant leur vision du monde au détriment de la diversité des points de vue.
Cette crise de confiance touche jusqu’aux plus hautes instances de Wikipédia. Le conseil d’administration de Wikimédia France, la branche hexagonale de la fondation qui chapeaute l’encyclopédie, doit se réunir en urgence pour statuer sur ces dérapages présumés. Une refonte des règles et des garde-fous est à l’étude, mais beaucoup craignent qu’il ne soit déjà trop tard pour enrayer la machine infernale des biais idéologiques.
Vers une encyclopédie à plusieurs vitesses ?
Face à cette crise de légitimité, certains évoquent déjà l’émergence d’une encyclopédie à plusieurs vitesses. D’un côté, une Wikipédia « officielle », gangrenée par la bien-pensance et les biais militants. De l’autre, des projets alternatifs portés par des dissidents soucieux de faire vivre l’esprit originel du site : la libre confrontation des savoirs et des points de vue.
Mais cette balkanisation de la connaissance en ligne fait aussi peser un risque sur la vitalité de Wikipédia. Privée d’une partie de ses forces vives, l’encyclopédie pourrait voir sa dynamique collaborative s’étioler, voire s’effondrer. Un scénario noir qui signerait la fin d’une utopie du savoir partagé vieille de plus de vingt ans.
Renouer avec l’esprit des pionniers
Pour conjurer ce spectre, la communauté wikipédienne doit d’urgence retrouver ses fondamentaux. Renouer avec l’esprit d’ouverture et d’humilité intellectuelle des pionniers du web, qui rêvaient d’une agora planétaire où toutes les idées pourraient s’exprimer librement, dans le respect et la bienveillance.
C’est à ce prix que Wikipédia pourra espérer surmonter la crise existentielle qui la guette et continuer d’incarner cet idéal du savoir émancipateur, accessible à tous. Un défi immense, mais crucial pour l’avenir de la connaissance à l’ère numérique.
