C’est une surprise qui en dit long sur les bouleversements actuels de la vie politique française. Manuel Valls, l’ancien premier ministre de François Hollande tombé en disgrâce ces dernières années, fait un retour remarqué au sein du nouveau gouvernement de François Bayrou. Nommé ministre d’État chargé des Outre-mer, il hérite d’un portefeuille stratégique et retrouve les allées du pouvoir. L’occasion de revenir sur le parcours hors norme de cet homme politique atypique, ses combats, ses échecs et sa résilience.
Un républicain de conviction
Né en 1962 à Barcelone de parents espagnols ayant fui le franquisme, Manuel Valls obtient la nationalité française à 20 ans. Très tôt, il s’engage en politique au sein du Parti Socialiste. Élu local puis député, il se forge une réputation d’électron libre, n’hésitant pas à bousculer son camp sur des sujets clivants comme la laïcité ou la sécurité. Une posture qui séduit autant qu’elle agace.
Manuel Valls incarne un courant social-démocrate et réformateur assumé au PS, quitte à se mettre à dos une partie de la gauche.
– Un proche de Manuel Valls
La consécration à Matignon
En 2012, François Hollande le nomme ministre de l’Intérieur. Manuel Valls s’illustre par sa poigne et son intransigeance face aux casseurs. Promu premier ministre en 2014, il mène une politique économique libérale contestée par l’aile gauche du PS. Candidat malheureux à la primaire socialiste pour la présidentielle de 2017, il quitte le parti. Après son échec aux législatives sous l’étiquette LREM, il se met en retrait de la politique française et tente de se faire élire maire de Barcelone en 2019. Sans succès.
L’homme providentiel pour les Outre-mer ?
Aujourd’hui, à la surprise générale, Manuel Valls revient par la grande porte dans un gouvernement d’union nationale. François Bayrou compte sur son expérience et sa poigne pour s’attaquer aux défis des territoires ultramarins, théâtre de fortes tensions. Une mission délicate pour celui qui s’était déjà emparé de ces dossiers sensibles lorsqu’il était à Matignon.
D’après une source proche du gouvernement, le choix de Manuel Valls résulte d’une volonté de s’appuyer sur des personnalités politiques aguerries, capables d’obtenir des résultats dans un contexte difficile. Pour l’ancien premier ministre, c’est l’opportunité de prouver qu’il reste un recours précieux en temps de crise.
Un avenir politique relancé ?
Si sa nomination a suscité des critiques, notamment chez LFI qui n’a pas digéré ses prises de position passées, beaucoup saluent le retour d’un « poids lourd » qui a l’étoffe d’un homme d’État. Manuel Valls aura en tout cas fort à faire pour rétablir la confiance avec des populations ultramarines qui se sentent souvent abandonnées et déconsidérées.
Son passage au ministère des Outre-mer constituera-t-il un tremplin pour retrouver un premier rôle dans le débat public national ? Ou la dernière ligne droite d’une carrière politique atypique? Réponse dans les mois à venir. Une chose est sûre : même affaibli et contesté, Manuel Valls compte bien peser de nouveau dans le jeu politique.
