Le rugby de haut niveau a parfois un goût amer. C’est le sentiment qui doit étreindre le jeune international portugais Pedro Bettencourt, contraint d’annoncer sa retraite sportive à seulement 29 ans. Formé à Clermont, passé par l’Angleterre puis Oyonnax depuis 2019, le solide centre avait pourtant tout pour s’imposer durablement au plus haut niveau. Mais le sort en a décidé autrement.
La commotion de trop
En avril dernier, lors d’un banal entraînement avec son club d’Oyonnax, Pedro Bettencourt subit un choc violent. Diagnostic : commotion cérébrale, la énième de sa carrière. Malgré une période de repos et un protocole de reprise progressive, la vérité s’impose. Pour sa santé, le natif de Coimbra doit dire stop. Une décision douloureuse mais sage, soutenue par son club.
Ce n’était pas une décision simple mais c’était la plus évidente. Il y a ce regret de ne pas avoir pu faire mes adieux au terrain et au club comme je l’aurais souhaité.
– Pedro Bettencourt
Un avenir prometteur brisé
Avec Oyonnax, Pedro Bettencourt aura quand même eu le temps de soulever un bouclier de champion de France de Pro D2 en 2023. Avant cela, il s’était fait remarquer en Angleterre sous le maillot des Newcastle Falcons. Mais c’est surtout avec la sélection portugaise qu’il s’est distingué. Le puissant centre aura porté à 25 reprises le maillot des Lobos, notamment lors de la Coupe du monde 2023. Des prestations remarquées saluées par son manager Joe El Abd.
Il a marqué le club en étant champion de France et avec ses performances exceptionnelles avec le Portugal pendant la Coupe du Monde. Il fera toujours partie de la famille Oyonnax Rugby.
– Joe El Abd, manager d’Oyonnax
Les risques d’un sport de combat
Le cas de Pedro Bettencourt illustre malheureusement les risques inhérents au rugby moderne, où l’intensité des chocs ne cesse de croître. Les commotions cérébrales se multiplient, avec des conséquences potentiellement lourdes pour les joueurs. De plus en plus d’internationaux voient leur carrière écourtée, comme le Français Mathieu Bastareaud ou l’Anglais Steve Thompson, devenu amnésique à 40 ans.
Face à ce fléau, les instances du rugby tentent de réagir, à travers des protocoles plus stricts, voire des modifications des règles du jeu pour limiter les impacts. Mais le choc des titans reste l’ADN d’un sport qui peine à conjuguer spectacle et santé des joueurs. Pour Pedro Bettencourt et tant d’autres, le prix à payer aura été bien trop lourd. Un destin stoppé net dans son élan, un potentiel gâché. Le rugby doit urgemment se réinventer pour ne plus broyer ses talents.