Alors que l’économie américaine continue d’afficher une belle vigueur, la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à annoncer une nouvelle baisse de ses taux directeurs mercredi. Cependant, il pourrait bien s’agir de la dernière en date avant une période de statu quo monétaire. En effet, la banque centrale doit désormais composer avec une croissance solide mais aussi un réveil inattendu de l’inflation ces derniers mois.
Une baisse quasi certaine mais une pause qui se profile
Selon les anticipations des marchés et des économistes, une baisse d’un quart de point des taux directeurs est considérée comme acquise à l’issue de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) qui a débuté mardi. Le contraire constituerait une énorme surprise tant l’institution a préparé les investisseurs à un tel scénario.
Pourtant, cette décision, si elle était confirmée, soulève quelques interrogations sachant que l’économie américaine tourne à plein régime. « On peut douter de l’intérêt d’une nouvelle baisse car l’économie se porte bien, elle ne semble pas avoir besoin d’un stimulus », souligne Nathan Sheets, économiste chez Citi.
Dès lors, la Fed pourrait signaler sa volonté d’adopter une approche plus prudente et patiente dans les mois à venir, en fonction de l’évolution de la conjoncture. « Je pense qu’on aura un quart de point de baisse mais que la Fed signalera également sa volonté d’aller plus lentement à l’avenir, si ce n’est envisager une pause, tant qu’elle n’a pas une idée plus précise de l’orientation prise par l’économie », explique Mark Zandi de Moody’s.
Une inflation qui reprend des couleurs
L’un des principaux défis pour la Fed actuellement réside dans la reprise de l’inflation observée depuis deux mois outre-Atlantique. Après une trajectoire encourageante en direction de l’objectif de 2%, l’indice des prix à la consommation (CPI) a rebondi à 2,7% en novembre. Du côté des entreprises, la hausse des prix s’est même accélérée pour atteindre son plus haut niveau depuis près de deux ans, notamment à cause des répercussions de la grippe aviaire.
Ce réveil des pressions inflationnistes interroge sur le bien-fondé d’un nouvel assouplissement monétaire alors que l’économie n’en a pas forcément besoin. Certains membres de la Fed, comme la gouverneure Michelle Bowman, ont d’ailleurs jugé récemment que les risques liés à l’inflation étaient plus importants que ceux liés au chômage.
L’inconnue Trump
Au-delà des paramètres économiques, l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche constitue une nouvelle source d’incertitude pour la Fed. Entre baisses d’impôts, dérégulation, expulsions de migrants ou hausses de droits de douane, les mesures envisagées par le président élu pourraient avoir des conséquences majeures et difficiles à anticiper sur l’économie.
Il appartiendra donc à la Fed d’intégrer au mieux ces différents scénarios dans sa politique monétaire, sans préjuger de leurs effets. « Les propositions de ce gouvernement peuvent provoquer un choc d’offre comme de demande et il y a toute une gamme de conséquences possibles à ces chocs », prévient Nathan Sheets.
Des prévisions économiques très attendues
Au-delà de la décision sur les taux, la réunion de mercredi sera l’occasion pour la Fed de publier ses nouvelles prévisions économiques. Celles-ci permettront de savoir dans quelle mesure la banque centrale a déjà intégré les possibles changements liés à la présidence Trump et leur impact sur l’évolution future des taux.
Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, la majorité des analystes tablent désormais sur un rythme de resserrement monétaire plus modéré en 2025, loin des quatre hausses de taux initialement anticipées. Une approche graduelle qui permettra à la Fed de s’adapter au mieux à une conjoncture économique et politique pour le moins incertaine.