En cette période post-électorale tendue aux États-Unis, une question brûlante agite les esprits : la Banque centrale américaine, la Fed, peut-elle maintenir son indépendance face aux pressions politiques ? Son président Jerome Powell s’est exprimé sans ambiguïté lors d’une séance de questions-réponses à Dallas, martelant le caractère irrévocable des décisions de l’institution.
L’indépendance de la Fed : un principe fondamental mis à l’épreuve
Alors que l’élection de Donald Trump suscite de vives inquiétudes, Jerome Powell a tenu à réaffirmer avec force l’indépendance de la Fed. Il a déclaré que les décisions de la banque centrale “ne peuvent être renversées par aucune autre partie du gouvernement, hormis, bien sûr, par le Congrès”. Une mise au point on ne peut plus claire face aux velléités d’ingérence du nouveau président.
Donald Trump n’a en effet pas caché son souhait de peser sur la politique monétaire, estimant en août que “le président devrait au moins avoir son mot à dire”. Lorsque la Fed a entamé une première baisse des taux en septembre, à deux mois du scrutin, il l’avait même accusée de favoriser son adversaire démocrate. Des attaques sans précédent qui rompent avec l’usage.
Une Fed guidée par les fondamentaux économiques, pas par le politique
Face à ces pressions, Jerome Powell se veut rassurant. Il a assuré que dans ses décisions, la Fed ne pense “au bien-être d’aucun parti politique ou quoi que ce soit du genre. Nous nous contentons d’examiner les aspects macroéconomiques et de faire de notre mieux”. Une position confortée le matin même par Adriana Kugler, gouverneure de la Fed, qui insistait dans un discours sur la nécessité d’une banque centrale indépendante.
L’économie américaine au beau fixe malgré un léger refroidissement
Au-delà des querelles politiques, Jerome Powell s’est félicité de la “performance remarquable” de l’économie américaine, “de loin la meilleure de toutes les grandes économies du monde”. Croissance solide, chômage bas et inflation maîtrisée : les voyants sont globalement au vert, même si un certain refroidissement se fait sentir après une période de surchauffe.
“L’économie n’envoie aucun signal indiquant que nous devons nous dépêcher de baisser les taux”
Jerome Powell, président de la Fed
Tout en se voulant prudent, Powell a déclaré que “l’économie n’envoie aucun signal indiquant que nous devons nous dépêcher de baisser les taux”, la vigueur actuelle permettant à la Fed “d’aborder ses décisions avec prudence”. La banque centrale a d’ailleurs abaissé ses taux pour la deuxième fois d’affilée le 7 novembre, les portant dans la fourchette de 4,50 à 4,75%. Une nouvelle baisse est attendue lors de la prochaine réunion des 17 et 18 décembre.
Inflation et emploi : la Fed en première ligne
Concernant l’inflation, qui a rebondi à 2,6% en octobre, Jerome Powell a rappelé l’objectif de la Fed de la faire converger vers 2%. “Nous nous engageons à terminer le travail”, a-t-il assuré, prévenant que la trajectoire pourrait être “parfois cahoteuse”. Quant à l’emploi, si le taux de chômage reste très bas à 4,1%, le patron de la Fed s’est réjoui que le marché du travail se soit “refroidi au point de ne plus être une source de pressions inflationnistes significatives”.
L’indépendance de la Fed apparaît donc comme un rempart essentiel face aux pressions politiques dans un contexte américain tendu. Jerome Powell et son institution entendent rester concentrés sur leur boussole économique pour guider la politique monétaire et ainsi préserver la remarquable santé de l’économie US. Une ligne de conduite qui sera scrutée de près lors des prochains mois décisifs.