Dans un rebondissement majeur pour la Française des Jeux (FDJ), la Commission européenne a demandé à l’entreprise de verser 97 millions d’euros supplémentaires à l’État français. Cette décision met un terme à une enquête de trois ans sur une éventuelle aide d’État illégale accordée à l’opérateur de jeux lors de sa privatisation en 2019.
Un dénouement favorable pour la FDJ
Malgré l’augmentation de la somme à verser, qui passe de 380 à 477 millions d’euros, cette issue a été accueillie positivement par les marchés et la FDJ. Le titre de l’entreprise s’est apprécié de 5,81% à la suite de l’annonce, témoignant de la confiance des investisseurs dans la solidité du cadre juridique adopté lors de la privatisation.
Les droits exclusifs au cœur de l’enquête
La controverse trouvait son origine dans les droits exclusifs accordés à la FDJ pour l’organisation et l’exploitation des jeux de loterie et de paris sportifs pendant 25 ans. En échange de ces droits, l’entreprise avait initialement versé 380 millions d’euros à l’État. Cependant, deux plaintes estimant cette rémunération insuffisante ont conduit la Commission européenne à ouvrir une enquête approfondie en juillet 2021.
Des modifications limitées pour une conformité totale
Au terme de cette enquête, des ajustements mineurs ont été apportés à la méthode de calcul de la rémunération versée à l’État. Ces modifications ont entraîné une hausse de 97 millions d’euros, portant la rémunération totale à 477 millions d’euros. Grâce à cet ajustement, la Commission européenne a conclu que les droits exclusifs accordés à la FDJ étaient désormais pleinement conformes aux règles de l’UE en matière d’aides d’État.
Une privatisation sous le signe de la réforme
La privatisation de la FDJ s’est inscrite dans le cadre de la loi Pacte, adoptée en avril 2019. Cette loi a ouvert la voie à un vaste programme de cessions d’actifs et a autorisé le transfert au privé de la majorité du capital de l’opérateur de jeux. L’État français reste néanmoins actionnaire minoritaire à hauteur de 20,5% à fin 2023.
Parallèlement, la France a réformé la réglementation des jeux d’argent et de hasard, confirmant la robustesse du cadre juridique entourant la privatisation de la FDJ.
Un soulagement pour l’entreprise et ses actionnaires
La clôture de ce dossier met fin à une période d’incertitude pour la FDJ et ses actionnaires. La PDG Stéphane Pallez avait exprimé à plusieurs reprises son souhait de voir l’enquête aboutir rapidement, soulignant que les marchés n’apprécient guère les situations d’incertitude prolongée.
La FDJ a précisé que le montant complémentaire à verser sera amorti sur une durée de 25 ans à compter de la promulgation de la loi Pacte en mai 2019. Cet étalement dans le temps devrait permettre à l’entreprise d’absorber cette charge supplémentaire sans compromettre ses résultats financiers.
Des perspectives de croissance prometteuses
Malgré cet ajustement financier, la FDJ affiche des résultats solides et des ambitions de développement intactes. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 2,09 milliards d’euros de janvier à septembre 2024, en hausse de 11,9%, et a relevé ses objectifs pour l’ensemble de l’année.
De plus, la FDJ poursuit sa stratégie de croissance externe avec succès. L’OPA réussie sur Kindred, propriétaire du site Unibet, doit lui permettre de devenir un acteur majeur des jeux d’argent et de hasard en Europe. Cette acquisition s’ajoute à celles de la loterie irlandaise PLI en 2023 et de ZEturf, deuxième opérateur français des paris hippiques en ligne.
En définitive, la clôture de l’enquête européenne et la confirmation de la solidité du cadre juridique entourant la privatisation de la FDJ ouvrent la voie à de nouvelles perspectives de développement pour l’entreprise. Avec une position renforcée sur le marché français et des ambitions européennes affirmées, la Française des Jeux semble bien armée pour relever les défis de l’avenir.