Le bronzage, signe d’une peau embrassée par le soleil, s’est imposé comme un véritable phénomène de société. Derrière ce hâle doré, se cachent des enjeux identitaires et sanitaires que Margaux Cassan, écrivaine et philosophe, explore dans son roman autobiographique “Ultra violet”. Un regard fascinant sur la génération des années 80, pour qui le teint halé est devenu un marqueur social incontournable.
Le bronzage, une seconde peau identitaire
Pour Margaux Cassan, le bronzage est bien plus qu’une simple coloration éphémère de l’épiderme. Il s’agit d’une véritable métamorphose identitaire :
Avec le bronzage, l’identité première s’efface au profit d’une identité acquise et identifiée.
Margaux Cassan
Cette quête d’une nouvelle peau, d’un nouveau soi, semble être le leitmotiv de toute une génération. Des personnalités emblématiques telles que les frères Bogdanov ou Thierry Ardisson arborent fièrement leur teint hâlé, telle une signature, un parfum distinctif.
Un hâle symbole d’ambition et de réussite
Au-delà d’une simple apparence, le bronzage est devenu un véritable indicateur de statut social. Arborer une peau dorée, c’est afficher sa réussite, son ambition, à l’image de figures emblématiques comme Donald Trump ou Jacques Séguéla. Un teint hâlé permanent, défiant les saisons, comme pour mieux s’élever au-dessus des contingences du commun des mortels.
Margaux Cassan souligne avec justesse cette dimension symbolique du bronzage :
Dans la génération de mes parents, le hâle est surtout un désir de signature.
Margaux Cassan
Le revers de la médaille : les risques sanitaires
Mais cette quête effrénée du bronzage a un prix. L’exposition intense aux rayons UV, en cabine ou au soleil, n’est pas sans conséquence sur la santé de la peau. Le spectre du mélanome, ce cancer cutané agressif, plane comme une ombre menaçante sur cette génération avide de hâle.
Margaux Cassan en fait l’amère expérience, sa mère étant touchée par cette pathologie, véritable “stigmate vénéneux d’une vie trop exposée”. Un constat glaçant qui pousse à s’interroger sur les motivations profondes de cette course au bronzage.
Une philosophie de l’apparence
Au fil des pages, Margaux Cassan convoque de grands penseurs pour décortiquer ce phénomène du bronzage. De Camus et son “Étranger” au fameux mythe d’Icare, elle tisse des liens subtils entre philosophie et esthétique de la peau.
Un voyage littéraire et sociologique passionnant dans les méandres de l’apparence, où le bronzage règne en maître. Une réflexion essentielle pour comprendre les ressorts d’une génération qui a fait du soleil son alliée, pour le meilleur et pour le pire.
Vers une prise de conscience ?
Alors que les ravages des UV sur la peau sont de plus en plus documentés, assiste-t-on à un changement de paradigme ? Les nouvelles générations seront-elles plus sensibles aux enjeux sanitaires, délaissant quelque peu cette quête effrénée du bronzage ?
Une chose est sûre, “Ultra violet” de Margaux Cassan a le mérite de poser un regard acéré et nécessaire sur cette fascination pour le hâle. Un témoignage précieux pour mieux comprendre les enjeux identitaires et les risques d’une pratique érigée en véritable marqueur social. De quoi faire réfléchir sur notre rapport au soleil et à cette seconde peau qu’est le bronzage.