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La Faible Croissance Française Complique la Réduction du Déficit Public

La faible croissance française met à mal les objectifs budgétaires du gouvernement Bayrou. Entre abandon de mesures phares et réévaluation du déficit, l'exécutif doit revoir sa copie. Mais quelles sont les...

Alors que la France peine à retrouver une croissance dynamique, la nouvelle équipe gouvernementale menée par François Bayrou se heurte à une équation budgétaire de plus en plus complexe. Confronté à des marges de manœuvre réduites et des renoncements nécessaires, l’exécutif doit revoir ses ambitions à la baisse concernant la réduction du déficit public. Un casse-tête qui s’annonce épineux pour les mois à venir.

L’héritage délicat du gouvernement Barnier

Le précédent gouvernement de Michel Barnier visait à ramener le déficit public à 5% du PIB dans son projet de loi de finances pour 2025, soit entre 140 et 150 milliards d’euros. Mais selon une note de l’OFCE, les renoncements consentis conduisent finalement à réévaluer le déficit prévisible à 5,3%. Un premier revers de taille pour la nouvelle équipe.

De plus, plusieurs mesures phares doivent être abandonnées faute de marge de manœuvre :

  • L’impôt exceptionnel sur les hauts revenus qui devait rapporter 2 milliards d’euros en 2025 ne pourra pas s’appliquer aux revenus 2024
  • La surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, censée générer 8 milliards d’euros, doit aussi être remisée pour des raisons de non-rétroactivité

Si un système d’acompte pourrait compenser en partie ces pertes, il ne suffira pas à lui seul à rééquilibrer les comptes.

Une croissance atone qui grève les recettes

Au-delà des mesures fiscales sacrifiées, c’est surtout la faiblesse persistante de la croissance économique française qui complique la donne budgétaire. Selon les dernières prévisions, le PIB ne devrait croître que de 1,1% en 2024 et 1,3% en 2025, des rythmes bien inférieurs à ceux espérés.

Or, sans croissance vigoureuse, difficile de voir les rentrées fiscales décoller et ainsi desserrer l’étau sur les finances publiques. Un manque à gagner qui pourrait se chiffrer en dizaines de milliards d’euros sur le quinquennat et contrarier encore davantage les velléités de rééquilibrage budgétaire.

Sans rebond de la croissance, il sera très difficile d’enrayer la dérive des déficits et de la dette publique. C’est un facteur clé sur lequel nous n’avons que peu de prise à court terme.

Un conseiller ministériel à Bercy

Le gouvernement contraint de revoir ses ambitions

Face à ces vents contraires, François Bayrou et son équipe n’ont d’autre choix que de revoir leur copie. L’objectif de ramener le déficit à 5% s’éloignant, le gouvernement table désormais sur une cible plus modeste de 5,4% pour 2025.

Pour y parvenir malgré tout, des sources proches de l’exécutif évoquent un mix de mesures d’économies ciblées et de hausses d’impôts « modérées ». Les pistes à l’étude incluraient :

  • Un gel des dépenses de fonctionnement de l’État et des collectivités
  • Des coupes dans certaines niches fiscales jugées peu efficaces
  • Une modulation à la hausse de la TVA sur certains produits
  • Un relèvement des droits de succession et de donation

Mais ces ajustements s’annoncent délicats politiquement et risquent de rencontrer de vives oppositions, au sein même de la majorité. La marge de manœuvre du gouvernement apparaît donc des plus étroites.

La croissance, enjeu central du quinquennat

Pour desserrer durablement la contrainte budgétaire, l’exécutif en est bien conscient: il faudra réussir à relancer la machine économique française. Dans les starting-blocks, plusieurs réformes sont déjà prévues:

  • Poursuite du déploiement du plan France 2030 d’investissement dans l’innovation
  • Amplification de la réforme de la formation professionnelle
  • Simplification du maquis administratif et normatif
  • Soutien accru aux filières stratégiques comme la santé ou le numérique

Notre priorité absolue doit être de retrouver une croissance plus robuste et durable, seul moyen de conforter notre modèle social et de résorber nos déficits. Nous y mettrons toute notre énergie.

Éric Lombard, Ministre de l’Économie et des Finances

Mais les effets potentiels de ces réformes mettront du temps à se matérialiser. D’ici là, François Bayrou et ses ministres vont devoir redoubler d’habileté pour tenir un cap budgétaire très étroit, entre impératif de finances saines et urgence d’un soutien à l’activité. Un premier test grandeur nature pour ce gouvernement qui a promis de réussir là où ses prédécesseurs ont souvent échoué.

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