Huit nouveaux accusés sont passés au crible cette semaine dans le procès tentaculaire des viols de Mazan, dans le sud-est de la France. Leurs profils révèlent des parcours de vie chaotiques, des déviances et des mensonges, qui éclairent d’un jour sombre cette affaire hors norme. Une plongée glaçante au cœur des mécanismes de la soumission chimique et de la répétition des violences sexuelles.
Des agresseurs au passé trouble
Parmi les accusés entendus depuis lundi, certains cumulent les casseroles. À l’image de Romain V., 63 ans, séropositif, accusé d’être venu violer Gisèle Pelicot à six reprises sans jamais porter de préservatif. Son enfance digne des “Misérables” de Victor Hugo, faite de violences en tout genre, a sidéré jusqu’au président de la cour. Mais son parcours d’échecs et la façon dont il a contracté le VIH restent nimbés de zones d’ombre.
Autre profil inquiétant, celui de Cédric G., 50 ans, violé par un oncle dans sa jeunesse. Cet homme aux “forts besoins” sexuels est soupçonné d’avoir voulu reproduire, avec l’aide du mari de Gisèle Pelicot, le même procédé de soumission chimique sur sa propre compagne. Un projet auquel il aurait finalement renoncé. Mais les témoignages de ses ex dépeignent un manipulateur, adepte de la diffusion de vidéos intimes et de la prostitution.
Quand les viols se déplacent
L’affaire prend une tournure encore plus sordide quand on apprend que Ludovick B., 41 ans, aurait violé Gisèle Pelicot en 2019 avec la complicité de son ex-mari, au domicile de leur propre fille en région parisienne. Lui aussi a révélé tardivement avoir été victime de viols à l’adolescence. Un traumatisme qui l’aurait “marqué à vie” selon son médecin.
Très peu des accusés assument les faits qui leur sont reprochés, persistant à dire avoir été invités voire appâtés par Dominique Pelicot pour participer au scénario d’un couple libertin.
L’emprise de Dominique Pelicot
Au fil des audiences, le rôle central de Dominique Pelicot, l’ex-mari de la victime, apparaît de plus en plus clairement. C’est lui qui aurait recruté les accusés sur un site de rencontres pour qu’ils viennent violer son épouse droguée. Certains le décrivent même comme un gourou, cherchant à faire des émules.
Mais la plupart persistent à nier leur culpabilité, affirmant avoir cru participer aux jeux sexuels d’un couple libertin. Une défense qui peine à convaincre au vu des éléments accablants révélés par l’enquête.
Un procès emblématique
Le procès des viols de Mazan, qui doit s’achever le 20 décembre, est emblématique à plus d’un titre. Par son ampleur déjà, avec une cinquantaine d’accusés. Mais aussi par les questions qu’il soulève sur la soumission chimique et le consentement.
Les experts psychologues attendus mardi devraient apporter un éclairage sur les ressorts psychiques de cette affaire hors norme. Mais d’ores et déjà, les parcours chaotiques et les profils déviants des accusés donnent la mesure des défis posés à la justice par ces viols en série.
Un procès éprouvant pour Gisèle Pelicot, absente ce lundi, mais qui devrait faire son retour mardi à Avignon. Après des années d’emprise et de violences subies, ce procès est pour elle un chemin semé d’embûches vers la reconquête de sa dignité bafouée.