Un vent de panique souffle sur Marseille et le sud de la France. Au cœur de la tempête, la tristement célèbre DZ Mafia, un groupe criminel ultra-structuré qui étend ses tentacules bien au-delà du trafic de drogue. Racket, extorsion de fonds, assassinats… rien n’arrête cette organisation que certains comparent déjà aux redoutables mafias italiennes.
La DZ Mafia, un « cartel à la française » qui sème la terreur
D’après Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles, la DZ Mafia serait « le groupe criminel le plus structuré et le plus dangereux » apparu en France au XXIe siècle, si l’on excepte les organisations terroristes. Une analyse glaçante qui témoigne de l’emprise grandissante de ce réseau tentaculaire.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, la DZ Mafia n’a que peu de points communs avec les organisations mafieuses traditionnelles, très claniques et difficiles à intégrer. Sa structure s’apparenterait davantage à celle des cartels sud-américains, recrutant massivement via les réseaux sociaux, y compris parmi les adolescents.
Marseille, épicentre d’une guerre des gangs ultraviolente
Dans la cité phocéenne, les règlements de comptes sanglants se multiplient sur fond de lutte de territoire entre la DZ Mafia et ses rivaux. Face aux « Yoda » en 2023, puis aux « Nouveaux Blacks », des Comoriens bien décidés à récupérer certains points de deal, les affrontements dégénèrent, faisant des dizaines de morts chaque année.
Pour Jean-Baptiste Perrier, cette surenchère de violence s’explique en partie par « un phénomène de mode, de surenchère sur les réseaux sociaux ». Une escalade que rien ne semble pouvoir arrêter et qui terrorise les Marseillais.
Du trafic de drogue au racket : la diversification inquiétante des activités
Loin de se cantonner au trafic de stupéfiants, la DZ Mafia étend désormais ses activités criminelles. Racket, extorsion de fonds, assassinats sur commande… la liste des méfaits s’allonge, ciblant commerces, restaurants et discothèques. Une diversification inquiétante, qui n’est pas sans rappeler celle des mafias italiennes à leurs débuts.
Ils proposent de faire des règlements de comptes sur commande, développent des activités internationales. Ils annoncent des accords avec la ‘Ndrangheta en Italie, c’est du marketing.
Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles
Une communication soignée, des ramifications à l’international… la DZ Mafia semble déterminée à asseoir sa réputation sulfureuse, quitte à se comparer aux organisations criminelles les plus redoutées.
Commerçants et chefs d’entreprise, cibles privilégiées d’un racket qui prospère sur la peur
Restaurants, épiceries, discothèques… aucun commerce ne semble épargné par les tentatives d’extorsion de la DZ Mafia. Une peur qui paralyse, poussant de nombreuses victimes à céder aux demandes des malfaiteurs, comme ce gérant d’établissement de nuit contraint de verser 10 000 euros chaque mois en échange d’une soi-disant « protection ».
Bernard Marty, président de l’Umih (principale organisation patronale dans l’hôtellerie-restauration) pour les Bouches-du-Rhône tire la sonnette d’alarme :
La peur panique se diffuse. Nous on ne demande qu’une chose, être protégés. On a des adhérents qui ne portent pas plainte, ils ont peur.
Bernard Marty, président de l’Umih dans les Bouches-du-Rhône
Une peur que les forces de l’ordre peinent à endiguer, malgré quelques coups de filet retentissants. Car pour une affaire résolue, combien restent dans l’ombre, les victimes préférant payer et se taire plutôt que risquer des représailles ?
Quand le silence des victimes entrave le travail de la police
Malgré les efforts de la police et de la justice, qui ont permis l’incarcération de dizaines de membres de la DZ Mafia ces derniers mois, la lutte s’annonce difficile. Car l’omerta et la peur qui règnent chez les victimes compliquent considérablement les enquêtes.
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône évoque la possibilité que le silence des victimes empêche un décompte exact des faits de racket et d’extorsion, rendant la tâche des forces de l’ordre plus ardue.
Préfecture de police des Bouches-du-Rhône
Une difficulté supplémentaire dans ce combat contre un fléau qui gangrène chaque jour davantage la région marseillaise et le sud de la France. Face à l’ultra-violence et au professionnalisme de la DZ Mafia, la mobilisation de tous – autorités, victimes, citoyens – semble plus que jamais indispensable. Avant qu’il ne soit trop tard.