Alors que les tensions entre la Russie et l’Occident ne cessent de s’intensifier, Moscou vient de franchir un nouveau cap dans l’escalade. Selon Sergueï Karaganov, une figure clé de la pensée stratégique russe, le Kremlin a décidé d’abaisser le seuil d’utilisation de l’arme nucléaire. Une évolution majeure de la doctrine russe qui vise à réaffirmer les lignes rouges face aux pays occidentaux.
Poutine Muscle La Doctrine Nucléaire Russe
Dans un entretien accordé à une source proche du pouvoir, Sergueï Karaganov, président d’honneur du Conseil de politique étrangère et de défense (SVOP), a détaillé les récents changements apportés par Vladimir Poutine à la doctrine nucléaire russe. L’objectif assumé : abaisser le seuil d’utilisation des armes atomiques.
Poutine a précisé que la Russie a le droit d’utiliser des armes nucléaires, y compris contre des puissances non-nucléaires qui mènent la guerre contre nous avec le soutien de puissances nucléaires.
Sergueï Karaganov, architecte de la politique étrangère russe
Une évolution qualifiée d’innovation importante par ce proche conseiller du Kremlin, qui plaide depuis plusieurs années pour de tels changements. Mais au-delà de la doctrine, c’est bien un message politique que Moscou entend faire passer.
Réinstaurer La Peur Du Nucléaire
Pour Sergueï Karaganov, la dissuasion nucléaire ne fonctionne plus. Face à des dirigeants occidentaux jugés irresponsables et aveugles aux risques d’un conflit atomique, la Russie doit réinstaurer la peur de l’apocalypse nucléaire.
Une grande partie de la population, en particulier des élites – en Occident mais pas seulement – a cessé d’avoir peur d’une guerre nucléaire. C’est extrêmement dangereux. Il faut réinstaurer cette peur.
Sergueï Karaganov, architecte de la politique étrangère russe
Un constat partagé au plus haut sommet de l’État russe. Vladimir Poutine n’a eu de cesse ces derniers mois de brandir la menace nucléaire, mettant en garde contre le franchissement des lignes rouges fixées par Moscou.
Une Fenêtre Stratégique Avant L’Arrivée De Trump
Mais au-delà de la posture, cette évolution de la doctrine russe intervient à un moment charnière. Avec la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, une nouvelle donne géopolitique se profile.
Selon plusieurs experts, Moscou chercherait à profiter de la période de transition pour avancer ses pions et sécuriser ses acquis, notamment en Ukraine. Un pari risqué, mais calculé par le Kremlin.
La réforme de la doctrine annoncée par Vladimir Poutine constitue un avertissement envoyé aux Occidentaux, alors que s’ouvre une « fenêtre stratégique » avant l’entrée à la Maison-Blanche du prochain président américain.
Un analyste politique russe
L’Ukraine, Épicentre Des Tensions
C’est en Ukraine que se cristallisent aujourd’hui toutes les tensions entre la Russie et l’Occident. Malgré les accords de Minsk, le conflit dans l’Est du pays continue de faire rage, faisant craindre une nouvelle escalade militaire.
Kiev redoute notamment des frappes nucléaires tactiques russes sur son territoire. Un scénario catastrophe, mais qui ne peut plus être écarté depuis l’évolution de la doctrine nucléaire de Moscou.
Après l’évolution de la doctrine d’emploi russe édictée par Vladimir Poutine, les Ukrainiens redoutent des frappes nucléaires tactiques sur les grandes villes du pays.
Un diplomate européen en poste à Kiev
Face à ces menaces, l’unité occidentale apparaît plus que jamais cruciale. Mais certains signaux contradictoires, à l’image du récent appel téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, sèment le trouble parmi les alliés.
La France et le Royaume-Uni Appellent à Lutter Contre la « Poutinisation »
Dans une tribune commune, les ministres des affaires étrangères français et britannique, Jean-Noël Barrot et David Lammy, appellent l’Europe à lutter contre la « poutinisation » du monde, qui menace la sécurité du continent.
Face à la guerre d’agression que mène Vladimir Poutine contre l’Ukraine, qui menace la sécurité du monde entier, la France et le Royaume-Uni proposent une alternative.
Jean-Noël Barrot, Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères et David Lammy, son homologue britannique
Un message clair envoyé à Moscou, alors que les alliés occidentaux tentent de renforcer leur coopération dans les domaines de la défense et du renseignement pour contrer les velléités expansionnistes russes.
Moscou Satisfait d’Avoir Réaffirmé Ses Lignes Rouges
Malgré les mises en garde occidentales, le Kremlin se félicite d’avoir réaffirmé ses lignes rouges aux pays de l’OTAN. Le tir inédit d’un missile hypersonique russe contre une cible en Ukraine a marqué les esprits.
Après le tir russe inédit, jeudi, contre l’Ukraine d’un missile balistique hypersonique à moyenne portée, Vladimir Poutine s’est dit « prêt à tous les scénarios ».
Un porte-parole du Ministère russe de la Défense
Une démonstration de force qui vise à dissuader toute implication directe occidentale dans le conflit ukrainien. Mais aussi un rappel que la Russie dispose d’un vaste arsenal nucléaire, tactique et stratégique, qu’elle n’hésitera pas à utiliser si ses intérêts fondamentaux sont menacés.
Alors que la guerre en Ukraine entre dans une phase décisive, Moscou entend donc garder l’initiative en continuant de jouer le jeu de l’escalade contrôlée. Une stratégie risquée, mais qui semble porter ses fruits, au moins à court terme, en obligeant l’Occident à la plus grande prudence. Reste à savoir si Vladimir Poutine saura s’arrêter à temps dans cette fuite en avant.