Alors que son second mandat toucheàsa fin dans un contexte de crise budgétaire, le président Joe Biden semble avoir disparu des radars, laissant un vide inquiétant au sommetde l’État. Entre revers politiques cuisants et interrogations grandissantes sur sa santé, le démocrate de 82 ansdonne l’impression de se retirer toujours plus de la scène publique.La Maison Blanche serait-elle désormais occupéepar un président fantôme ?
Washington paralysé, Biden aux abonnés absents
Jeudi dernier, la capitale fédérale était en ébullition. Suite à un coup d’éclat de Donald Trump,le futur président républicain, les négociations au Congrès pour éviter un « shutdown », c’est-à-dire une paralysie budgétaire, ont tourné court. Pendant ce temps-là, Joe Biden était au téléphone. Non pas avec des éluspour tenter de trouver une issue à la crise, mais avec le pape François, si l’on en croit le compte-rendu de la Maison Blanche. Un appel pour planifier une visite en janvier, en pleine tempête politique.
C’est finalement Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la présidence, qui a dû monter au créneau pour fustiger la dernière proposition budgétaire des républicains, les accusant de « servir les milliardaires aux dépens des Américains qui travaillent dur ». Donald Trump, lui, en a remis une couche, se déchaînant sur son réseau Truth Social :
S’il y a un « shutdown » du gouvernement, qu’il commence maintenant, sous Biden, mais pas sous « Trump ». (…) C’est un problème que Biden doit résoudre.
Donald Trump sur Truth Social
Pour l’actuel « commandant en chef », la perspective du retour au pouvoir de son ennemi juré représente plus qu’un désaveu politique. C’est une véritable humiliation personnelle. Avant de se retirer à contre-cœur de la course à la Maison Blanche en juin dernier au profit de sa vice-présidente Kamala Harris, Joe Biden était pourtant persuadé de pouvoir décrocher un second mandat. Une conviction qui paraît aujourd’hui bien présomptueuse, au vu de son état de santé préoccupant.
Un président diminué, un entourage protecteur
Ces derniers mois, les signes d’un déclin physique de Joe Biden se sont multipliés. Lors d’un déplacement récent, le président angolais a même dû le prendre par le bras pour lui éviter de trébucher sur une estrade. Le lendemain, le leader américain a semblé piquer du nez pendant une table ronde avec plusieurs dirigeants africains.
Pendant son voyage au Brésil, un court discours prononcé sur fond de forêt tropicale a laissé une impression crépusculaire. On y voit un président tournant le dos aux caméras et s’éloignant lentement avant de disparaître derrière le feuillage. Une scène symbole d’un chef d’État qui paraît s’effacer peu à peu.
Déjà connu pour être le président le plus distant avec la presse des dernières décennies, Joe Biden a désormais coupé quasiment tous les ponts avec les médias. Finis les échanges impromptus pour ce leader à l’élocution de plus en plus confuse, qui peine souvent à finir ses phrases. Son entourage semble avoir tissé un véritable cocon protecteur autour de lui, réduisant au maximum ses apparitions publiques et son agenda.
Un bilan menacé, un héritage en péril
Englué dans une poussée inflationniste qui a plombé sa popularité, Joe Biden tente malgré tout de défendre son bilan, notamment ses ambitieux plans de réindustrialisation du pays. Dans une tribune publiée lundi sur le site « The Prospect », il écrit :
Il faudra des années pour en voir le plein effet, en termes d’emplois et de nouveaux investissements, mais c’est nous qui avons planté les graines.
Joe Biden dans « The Prospect »
Mais alors que la fin de son mandat approche à grands pas, l’héritage de Joe Biden apparaît plus menacé que jamais. Son successeur désigné, Donald Trump, a déjà annoncé son intention de détricoter méthodiquement les mesures phares de la présidence Biden, de la lutte contre le changement climatique au vaste plan d’infrastructures. Le tout dans l’indifférence quasi-générale d’un président qui donne tous les signes d’avoir déjà abandonné le combat.
Joe Biden semble ainsi se réfugier toujours plus dans le cercle familial. Reniant ses engagements passés, il a accordé une grâce controversée à son fils cadet Hunter, empêtré dans des démêlés judiciaires. Cette semaine, il s’est aussi recueilli sur la tombe de sa première épouse et de leur fille, décédées dans un tragique accident de voiture en 1972.
Même dans ces moments de deuil intime, le président ne peut échapper à l’hostilité d’une partie du pays. Le 11 novembre, lors d’une cérémonie en hommage à son fils Beau, mort d’un cancer en 2015, un homme arborait dans l’assistance la fameuse casquette rouge « Make America Great Again », symbole du trumpisme.
Plus que jamais isolé et contesté, Joe Biden achève ainsi son mandat en président fantôme. Une présidence qui s’éteint dans l’indifférence, loin des promesses de rassemblement et d’apaisement qui avaient porté le vieux lion démocrate au pouvoir. L’histoire retiendra sans doute l’image d’un dirigeant affaibli, dépassé par les immenses défis d’une Amérique divisée comme rarement.