C’est un drame qui a secoué le monde du rugby français. Il y a deux semaines, le jeune Medhi Narjissi, prometteur rugbyman de 17 ans évoluant au sein du Stade Toulousain, disparaissait tragiquement en mer alors qu’il participait à un stage en Afrique du Sud avec l’équipe de France des moins de 18 ans. Ses parents, Jalil et Valérie, se sont confiés pour la première fois au micro de TF1 sur l’insoutenable douleur de cette perte et les interrogations qu’elle soulève.
Le cauchemar d’une famille brisée
Dévastés et en larmes, les parents de Medhi Narjissi peinaient à trouver les mots pour exprimer le vide immense laissé par la disparition de leur fils unique. “On ne vit pas, on survit”, lâche Valérie, la voix brisée. Son mari Jalil, ancien joueur professionnel ayant principalement évolué à Agen, renchérit:
Il n’y a pas de mot. C’est l’horreur que l’on vit. Notre fils est parti pour ce qu’il aimait le plus. Aujourd’hui, on n’a plus rien.
Un destin tragique pour ce jeune homme passionné qui suivait les traces de son père. Medhi avait intégré le centre de formation du Stade Toulousain en 2022 et représentait un grand espoir à son poste de trois-quarts centre. Sa sélection pour ce stage de perfectionnement en Afrique du Sud avec les meilleurs éléments de sa génération couronnait ses progrès.
Les circonstances troubles du drame
Mais le rêve s’est brutalement transformé en cauchemar le 7 décembre dernier sur une plage près du Cap, lorsque Medhi Narjissi a été emporté par une forte vague lors d’une baignade. Malgré d’intenses recherches, le corps de l’adolescent n’a jamais été retrouvé. Un drame dont les circonstances soulèvent de nombreuses questions chez ses parents.
On leur confie notre envie et il ne revient pas. C’est qu’il y a eu une faute. Et puis les conditions, de ce qu’on a vu, je ne comprends même pas comme cette faute a pu arriver
Jalil Narjissi, père de Medhi
La famille Narjissi pointe du doigt des défaillances dans l’encadrement de ce groupe de jeunes rugbymen en stage à l’autre bout du monde. Pourquoi avoir autorisé une baignade dans de telles conditions? Les consignes de sécurité étaient-elles suffisantes? Des questions légitimes alors que la douleur laisse progressivement place à une soif de vérité et de justice.
Justice et fédération saisies
Face à ces interrogations, les parents de Medhi Narjissi ont saisi le parquet d’Agen “en recherches des causes de la disparition”, comme l’a annoncé leur avocat Édouard Martial. L’objectif est d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire permettant d’entendre tous les membres de l’encadrement présents lors du stage en Afrique du Sud.
Parallèlement, la Fédération française de rugby (FFR) a lancé une enquête interne pour faire la lumière sur ce tragique accident. Des investigations nécessaires pour comprendre comment un tel drame a pu se produire dans le cadre d’un rassemblement officiel de jeunes talents.
L’hommage du rugby français
Au delà de la quête de vérité, c’est tout le rugby français qui est en deuil suite à la disparition de Medhi Narjissi. De nombreux hommages ont été rendus à ce grand espoir parti trop tôt, à commencer par une minute d’applaudissements observée sur tous les terrains hexagonaux le week-end suivant le drame.
Du côté des instances, le ministère des Sports a annoncé vouloir “engager des mesures administratives” suite à cet accident. Au sein de la FFR, une grande émotion était également palpable, signe de l’onde de choc provoquée par la perte d’un des grands espoirs du XV de France.
Mais aucun hommage, aussi poignant soit-il, ne pourra apaiser la douleur des proches de Medhi Narjissi. Pour ses parents, sa sœur et tous ceux qui l’ont côtoyé, c’est un vide immense qu’il faudra apprendre à combler. Le temps fera son œuvre, mais la blessure restera à jamais ouverte.
Face à ce destin brisé, le rugby français doit s’interroger et tirer les leçons de ce drame pour que plus jamais une telle tragédie ne se reproduise. C’est le sens des investigations judiciaires et fédérales en cours. C’est aussi la meilleure façon d’honorer la mémoire de Medhi Narjissi, parti en pleine ascension vers les sommets de son sport. Un destin foudroyé dont le rugby français portera longtemps les stigmates.