La disparition soudaine de l’éminent écrivain franco-algérien Boualem Sansal lors d’un voyage en Algérie a déclenché une vague d’inquiétude en France. Selon des sources proches du dossier, l’auteur de 75 ans, qui venait d’obtenir la nationalité française cette année, aurait été arrêté samedi dernier à l’aéroport d’Alger à son arrivée de France. Les circonstances et les motifs de cette arrestation demeurent pour l’heure inconnus, plongeant son entourage dans l’angoisse.
Une Voix Libre et Engagée
Boualem Sansal est un écrivain reconnu pour son engagement sans faille en faveur de la liberté de pensée. Depuis ses débuts en littérature en 1999, il n’a cessé de s’élever contre les dérives du pouvoir algérien et l’intégrisme religieux. Son premier roman, Le Serment des Barbares, qui dénonçait la montée des extrémismes, avait rencontré un immense succès critique et public. Bien que ses livres, édités en France, soient en vente libre en Algérie, l’auteur suscite la controverse dans son pays, notamment depuis une visite en Israël en 2014.
Réactions Politiques en France
Face à cette situation préoccupante, les réactions politiques se multiplient en France. Le président Emmanuel Macron lui-même s’est dit “très préoccupé par la disparition” de Boualem Sansal, saluant “un grand écrivain et intellectuel”. Les services de l’État français sont mobilisés pour tenter de clarifier la situation. De nombreux responsables politiques, principalement de droite et du centre, ont exprimé leur soutien à l’écrivain :
Il incarne tout ce que nous chérissons : l’appel à la raison, à la liberté et à l’humanisme contre la censure, la corruption et l’islamisme.
Edouard Philippe, ancien Premier ministre
Tous les moyens de pression sur l’Algérie doivent être activés pour obtenir la libération de notre compatriote.
Laurent Wauquiez, chef de file des députés Les Républicains
Un Autre Écrivain dans la Tourmente
Boualem Sansal n’est pas le seul écrivain franco-algérien à se retrouver au cœur d’une polémique. Kamel Daoud, lauréat du Goncourt 2024 pour son roman Houris, est lui aussi visé par une campagne de diffamation en Algérie. Accusé par une victime de la guerre civile d’avoir exploité son histoire, il voit sa maison d’édition, Gallimard, interdite de participation au Salon international du livre d’Alger. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Kamel Daoud a confié son incompréhension face à la situation, tout en espérant le retour prochain de son ami Boualem Sansal.
Tensions Diplomatiques Franco-Algériennes
Ces événements interviennent dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l’Algérie. Le soutien apporté par Paris au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental fin juillet a fortement déplu à Alger, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Ce territoire disputé, ancienne colonie espagnole, est contrôlé en grande partie par le Maroc mais revendiqué par le Polisario qui réclame un référendum d’autodétermination. La position française a ravivé les tensions historiques entre les deux pays.
La disparition de Boualem Sansal met en lumière la fragilité de la liberté d’expression en Algérie et les défis auxquels sont confrontés les intellectuels critiques du régime. Alors que la pression internationale s’accentue pour obtenir des clarifications sur le sort de l’écrivain, nombreux sont ceux qui espèrent un dénouement rapide et positif à cette affaire. Au-delà du cas individuel, c’est la question des droits humains et des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie qui se trouve une nouvelle fois sur le devant de la scène.
