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La disparition de Benoît Duteurtre, un érudit passionné et talentueux

C'est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition soudaine de Benoît Duteurtre ce mardi dans sa maison des Vosges. Romancier, essayiste, critique d'art et musicologue de renom, il laisse derrière lui une œuvre foisonnante et singulière. Retour sur le parcours d'un érudit passionné qui a marqué le paysage culturel français.

C’est avec une immense tristesse que le monde des lettres a appris la disparition de Benoît Duteurtre, romancier, essayiste, critique d’art et musicologue de renom, ce mardi 16 juillet dans sa maison des Vosges. Âgé de 64 ans, il a été emporté par une crise cardiaque alors qu’il se consacrait à l’écriture de son prochain roman, un hommage à son père Jean-Claude Duteurtre. Retour sur le parcours d’un artiste prolifique et engagé qui a marqué de son empreinte le paysage culturel français.

Un normand amoureux des arts

Né le 20 mars 1960 à Sainte-Adresse en Seine-Maritime, Benoît Duteurtre grandit dans une famille éprise de culture. Son père, Jean-Claude Duteurtre, lui transmet très tôt sa passion pour la littérature, la musique et les beaux-arts. Après des études au lycée François 1er du Havre puis au conservatoire de Rouen, le jeune homme monte à Paris pour étudier au Conservatoire national supérieur de musique et de danse. Il y côtoie notamment le compositeur Philippe Manoury.

Premiers pas littéraires remarqués

C’est à l’âge de 22 ans que Benoît Duteurtre fait une entrée fracassante en littérature. Encouragé par Samuel Beckett, il publie son premier texte dans la revue Minuit en 1982. Trois ans plus tard paraît Sommeil perdu, son premier roman, qui narre les errances d’un jeune homme dans le Paris nocturne. Le livre est salué par la critique. Son style incisif et son regard acéré sur la société lui valent d’être comparé à Michel Houellebecq ou Bret Easton Ellis.

Un auteur prolifique et éclectique

Au fil des années, Benoît Duteurtre construit une œuvre foisonnante et protéiforme. Romancier (Drôle de temps, Les Pieds dans l’eau, La Petite Fille et la cigarette…), il est aussi un brillant essayiste comme en témoignent ses ouvrages sur Poulenc, Erik Satie ou Reynaldo Hahn. Grand amateur de musique classique et de variété, il produit sur France Musique l’émission Étonnez-moi Benoît, devenue culte. Il y reçoit des artistes de tous horizons avec passion et érudition.

Benoît Duteurtre était un écrivain engagé, curieux de tout, épris de liberté. Un moderne paradoxal qui posait un regard ironique et désenchanté sur son époque.

– Frédéric Beigbeder

Un observateur engagé de la société

Au-delà de ses multiples talents, Benoît Duteurtre était aussi un intellectuel engagé qui n’hésitait pas à prendre position sur les grands débats de société. Dans ses chroniques au Figaro ou à Marianne, il portait un regard critique sur l’air du temps, épinglant avec malice les travers de ses contemporains. Membre du conseil d’administration de la Société des gens de lettres, il a œuvré pour la défense du droit d’auteur et du statut des artistes.

  • En 2001, il soutient publiquement l’écrivain Michel Houellebecq, poursuivi pour “injure” et “provocation à la haine” après des propos sur l’islam.
  • En 2018, il cosigne une tribune dans L’Obs réclamant la suppression de la Maison des artistes, une proposition très controversée.

Un héritage précieux

Avec la disparition de Benoît Duteurtre, c’est une figure majeure de la scène culturelle française qui s’en va. Écrivain exigeant et inclassable, observateur lucide et malicieux de la société, il laisse une œuvre riche et singulière, à la fois profonde et accessible. Son regard aiguisé, son érudition et son indépendance d’esprit manqueront cruellement au débat public. Gageons que ses livres, mais aussi ses émissions et ses chroniques, continueront longtemps à nourrir la réflexion de ses lecteurs.

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