Alors que François Bayrou vient d’être nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, un défi de taille l’attend pour rééquilibrer les comptes publics du pays. Mais qu’en est-il de son bilan financier en tant que maire de Pau, fonction qu’il occupe depuis 2014 ? Les chiffres de la dette municipale sous ses mandats successifs interpellent.
Une dette municipale qui explose depuis 2014
Selon les données du ministère de l’Économie, l’encours de la dette de la ville de Pau est passé de 60,2 millions d’euros fin 2014, année de l’arrivée de François Bayrou à la mairie, à 110,9 millions d’euros en 2023. Cela représente une dette de 1 440 euros par habitant, bien au-dessus de la moyenne nationale des villes de cette taille, qui se situe autour de 1 300 euros.
Et la tendance ne semble pas s’inverser, puisque le budget primitif pour 2024 table sur un encours de dette à 113,9 millions d’euros fin 2024. Même si l’équipe municipale prévoit une stabilisation avant une baisse en fin de période, pour atteindre 111,7 millions en 2026.
Un déficit de 4,7 millions d’euros en 2023
Pour mettre ces chiffres en perspective, il faut savoir qu’en 2023, le budget de fonctionnement de la ville de Pau s’élevait à 113,5 millions d’euros, et son budget d’investissement à 48,2 millions d’euros. Son déficit, aussi appelé besoin de financement, atteignait pour sa part 4,7 millions d’euros.
Les élus locaux ne sont pas responsables de la situation budgétaire du pays.
Catherine Vautrin, présidente de l’Assemblée des Communautés de France
La communauté d’agglo aussi concernée
La communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, que préside également François Bayrou, n’est pas en reste. Son encours de dette est passé de 124,4 millions d’euros en 2017 à 187,5 millions en 2022. Une augmentation que la collectivité justifie en partie par un plan pluriannuel d’investissement « ambitieux ».
Bayrou attendu sur son bilan national
Élu surprise à Matignon, François Bayrou va devoir faire ses preuves rapidement au niveau national pour redresser des finances publiques dégradées. Mais ses détracteurs ne manqueront pas de mettre en avant son bilan municipal pour questionner sa légitimité sur le sujet.
Lors de son premier conseil des ministres, le nouveau locataire de Matignon a d’ailleurs prévenu qu’il faudrait « un effort sérieux, prolongé et partagé » et annoncé « un budget exigeant ». Tout le contraire de ce qu’il semble avoir pratiqué à Pau si l’on en croit les chiffres de la dette.
Il est urgent de réformer la sphère publique pour redresser les finances du pays.
Moody’s, à propos de la dégradation de la note de la France
Opposition entre paroles et actes
Une opposition entre les paroles et les actes que n’a pas manqué de relever Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national. Invité ce dimanche du « Grand Jury », il a jugé que le nouvel hôte de Matignon était « quelqu’un d’un peu à part dans le spectre politique » et l’a exhorté à « répondre » aux lignes rouges fixées par le RN sur les retraites, le pouvoir d’achat ou encore l’immigration.
Un nouveau défi pour François Bayrou, qui veut incarner « l’intérêt général » et le « dépassement des clivages ». Mais son bilan municipal risque de le rattraper et de parasiter son action à la tête du gouvernement. À lui de démontrer qu’il peut faire à l’échelle du pays ce qu’il n’a pas réussi dans sa ville : maîtriser la dette et assainir les finances.
Le pari est loin d’être gagné tant la situation budgétaire nationale est dégradée, avec une dette publique qui a allègrement franchi la barre symbolique des 3 000 milliards d’euros. Mais François Bayrou n’a pas le choix : il doit réussir là où beaucoup ont échoué avant lui, sous peine de voir son crédit politique définitivement entaché. Les prochains mois s’annoncent décisifs.