Au cœur du charmant village alsacien de Murbach se cache un trésor insoupçonné : la dernière cabine téléphonique encore en activité en France. Nichée au pied des Vosges, dans un écrin de verdure, cette relique des télécommunications attire depuis peu une foule de curieux venus des quatre coins de l’Hexagone pour immortaliser ce vestige d’une époque révolue.
Un engouement médiatique inattendu
Tout a commencé avec un article paru dans Paris Match début juillet, révélant l’existence de cette cabine oubliée. Depuis, les médias se bousculent pour réaliser des reportages sur ce petit bout d’histoire qui résiste encore et toujours à l’avènement du smartphone. Les habitants de Murbach, habitués à la tranquillité de leur village, voient débarquer des visiteurs avides de découvrir et de photographier la fameuse cabine numéro 468.
Une survivante en zone blanche
Mais pourquoi cette cabine est-elle toujours là, dernier bastion d’un réseau autrefois omniprésent ? La réponse est simple : Murbach se trouve en zone blanche. La topographie vallonnée et boisée rend l’installation d’une antenne-relais particulièrement compliquée. La cabine, ainsi que deux autres “points phone”, restent donc en service, seul moyen de communication pour les habitants ne disposant pas de mobile.
La cabine fonctionne encore pour les appels d’urgence ou à destination d’un poste à prépaiement. Impossible d’y insérer des pièces ou une télécarte, ces cartes à puce obsolètes qui ne sont plus en vente depuis bien longtemps.
– Esméralda Mura, deuxième adjointe à la mairie de Murbach
Une vague de nostalgie
Mais plus qu’un simple moyen de communication, cette cabine représente un voyage dans le temps pour de nombreux visiteurs. Sa simple vue réveille des souvenirs enfouis, ceux d’une jeunesse passée à glisser des pièces dans la fente pour appeler un être cher ou pour passer un coup de fil secret à l’abri des oreilles indiscrètes.
Il y a 30, 40 ans, j’avais des coups de fil secrets à passer, je les passais dans la cabine téléphonique. Ça me rappelle des bons souvenirs !
– Jean-Paul Grasser, retraité strasbourgeois
Cette nostalgie se double d’une certaine mélancolie face à une époque révolue, celle où les relations humaines primaient sur la technologie. Beaucoup regrettent ce “goût d’avant”, estimant que le tissu social s’est effiloché avec l’avènement des smartphones et autres écrans sur lesquels chacun reste désormais rivé en permanence.
Un téléphone qui n’arrête pas de sonner
Depuis que son numéro a été dévoilé dans la presse, le téléphone de la cabine 468 n’arrête pas de sonner. Des anonymes appellent des quatre coins de la France et même de l’étranger pour entendre la tonalité si caractéristique, pour discuter quelques instants avec un inconnu qui aura décroché par hasard, pour laisser une trace de leur passage, aussi éphémère soit-elle.
Face à cet engouement, la mairie de Murbach a même installé un cahier et un stylo dans la cabine, pour que les passants puissent y noter leurs appels et leurs impressions. Un livre d’or improvisé, témoin de cette effervescence aussi soudaine qu’inattendue autour d’un objet devenu culte malgré lui.
Et pourquoi pas des cabines “souvenir” ?
Surfant sur la vague, certains évoquent même l’idée de réinstaller des cabines téléphoniques, en souvenir du bon vieux temps. Non pas pour remplacer nos smartphones, mais pour raviver cette convivialité et ce lien social qui semblent parfois nous faire défaut à l’heure du tout numérique.
Et pourquoi ne pas remettre des cabines téléphoniques en souvenir du bon temps ? Ça peut être utile pour des coups de fil un peu secrets…
– Jean-Paul Grasser
Une chose est sûre, la petite cabine alsacienne n’a pas fini de faire parler d’elle. Dernier vestige d’un passé pas si lointain, elle est devenue en quelques jours le symbole d’une époque révolue, celle où pour se parler, il fallait encore prendre le temps de composer un numéro et d’attendre que l’autre décroche, à l’autre bout du fil. Un temps suspendu, presque hors du temps, auquel beaucoup semblent vouloir regoûter, pour un bref instant.