La question du lien entre immigration et insécurité continue de diviser la majorité présidentielle. Alors que la tête de liste macroniste aux européennes Valérie Hayer rejette tout amalgame, la députée Maud Bregeon vient contredire cette position en affirmant qu’il existe « parfois un lien » entre les deux phénomènes. Des propos qui sèment le trouble dans le camp du président.
La Sortie Fracassante de la Députée Maud Bregeon
Invitée lundi matin sur Europe 1 et CNews, la députée Renaissance des Hauts-de-Seine a estimé qu’« il y a aujourd’hui en France, pas tout le temps mais parfois, un lien entre insécurité et immigration ». Une déclaration à contre-courant de la ligne officielle du parti présidentiel.
« Il faut être aveugle pour affirmer le contraire », a martelé l’élue, tout en se défendant d’« essentialiser les gens ». Pour appuyer son propos, elle a évoqué l’attaque au couteau survenue dimanche à Lyon, perpétrée par un ressortissant marocain sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Un drame qui remet sur le devant de la scène le débat explosif sur l’immigration.
Maud Bregeon Se Revendique de Macron et Darmanin
Loin de vouloir rompre avec la ligne présidentielle, la députée a assuré qu’elle ne faisait que relayer des propos déjà tenus par Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Le président de la République l’a dit. Le ministre de l’Intérieur l’a dit », a-t-elle argumenté.
Pourtant, le chef de l’État a toujours pris soin de ne pas établir de « lien existentiel » entre immigration et insécurité. En octobre dernier, il reconnaissait certes une « forte présence » de l’immigration illégale dans la délinquance, notamment à Paris, mais se gardait de généraliser. Une nuance que Maud Bregeon semble avoir quelque peu gommée.
Gérald Darmanin, Entre Ambiguïté et Fermeté
Quant à Gérald Darmanin, il cultive lui aussi une certaine ambivalence sur le sujet. En août dernier, il refusait de faire « le lien entre immigration et délinquance », avant d’ajouter dans la foulée qu’« il serait idiot de ne pas dire qu’il y a une part importante de la délinquance qui vient de personnes immigrées ». Un grand écart rhétorique dont Maud Bregeon semble s’être inspirée.
Les Oppositions S’Engouffrent dans la Brèche
Sans surprise, les oppositions ont sauté sur l’occasion pour pointer les incohérences de la majorité. « Il faudrait vous mettre d’accord avec Valérie Hayer. Décidément, les macronistes dirigent cette campagne comme ils dirigent la France », a ironisé le député RN Thomas Ménagé. De son côté, Olivier Faure a philosophé : « En général à la fin de la dérive, il y a un naufrage ».
Mais les critiques sont aussi venues de l’intérieur. Le député Renaissance Éric Bothorel a recadré sa collègue en soulignant qu’il s’agissait surtout d’un lien entre « passage à l’acte et profil psy », pointant le « profil psychiatrique lourd » du suspect de l’attaque de Lyon. Signe que l’unité est loin de régner chez les macronistes sur ce sujet inflammable.
Un Débat Qui Promet D’Animer la Campagne Européenne
À un an des élections européennes, la question du lien entre immigration et insécurité promet d’animer la campagne. Malgré les efforts de Valérie Hayer pour dépassionner le débat, les divergences au sein même de la majorité risquent de parasiter le message. Un défi de taille pour le camp présidentiel, qui va devoir clarifier sa doctrine pour éviter la cacophonie.
En attendant, la sortie de Maud Bregeon a le mérite de mettre les pieds dans le plat et de forcer la majorité à aborder de front ce sujet aussi sensible qu’incontournable. Même si au final, comme souvent avec les macronistes, le « en même temps » risque de l’emporter sur la clarté.