Un influent soutien de la junte militaire au pouvoir au Mali, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), a lancé un ultimatum au Premier ministre civil Choguel Kokalla Maïga. Dans un communiqué publié dimanche, le collectif exige sa démission sous 72 heures, l’accusant de “haute trahison” suite à ses récentes critiques à l’encontre des généraux qui dirigent le pays.
Cette prise de position fracassante intervient après que M. Maïga, nommé à son poste par la junte en 2021 à la suite d’un second coup d’État en un an, s’est livré samedi à de rares reproches publics envers les militaires. Il a notamment déploré d’être tenu à l’écart des décisions concernant le maintien des généraux au pouvoir, évoquant “le spectre de la confusion et de l’amalgame” qui planerait sur l’actuelle période de transition.
Des propos qui passent mal auprès des soutiens de la junte
Les déclarations du Premier ministre n’ont pas été du goût du CDM, qui les a vivement condamnées. Selon le collectif, “le Dr Choguel Kokalla Maïga a trahi sa mission et s’inscrit désormais dans une logique de délation des autorités de la transition”. Un avis partagé par plusieurs autres organisations pro-junte, qui ont appelé les autorités à prendre des mesures contre ce qu’elles qualifient de “cabale”.
Fait inhabituel, la télévision d’État, habituellement sous le contrôle strict des militaires, a relayé ces communiqués hostiles au Premier ministre. Un signal fort qui en dit long sur la fragilité de sa position alors que des spéculations sur son éviction courent depuis plusieurs mois.
Le Mali dans l’incertitude sur son avenir politique
Cette crise intervient dans un contexte déjà tendu au Mali. La junte, qui a pris le pouvoir en 2020, avait initialement promis sous la pression internationale de rendre les rênes à des civils élus en mars 2024. Un engagement qui n’a pas été tenu, plongeant le pays dans l’incertitude quant à son avenir politique.
Beaucoup s’interrogent désormais sur la réelle marge de manœuvre de Choguel Kokalla Maïga face aux militaires. Malgré son statut de Premier ministre, il apparaît de plus en plus isolé et affaibli au sein d’un gouvernement dominé par les généraux. Sa possible éviction risque de compliquer encore davantage la situation politique déjà précaire du Mali.
La transition malienne traverse une zone de fortes turbulences. Entre les exigences de la communauté internationale, les ambitions de la junte et un Premier ministre civil fragilisé, l’équation semble de plus en plus difficile à résoudre.
Une source diplomatique à Bamako
Un pays confronté à de multiples défis
Au-delà des soubresauts politiques, le Mali doit faire face à de nombreux défis. Le pays est en proie depuis des années à la menace jihadiste et à une profonde crise sécuritaire, économique et sociale. Des problèmes auxquels s’ajoute désormais une instabilité chronique au sommet de l’État.
Dans ce contexte, la démission ou le limogeage du Premier ministre civil risque de compliquer encore davantage la tâche du gouvernement de transition. Beaucoup craignent que cela ne retarde le retour espéré à un pouvoir civil et n’aggrave la situation déjà précaire du pays.
Les prochains jours s’annoncent donc cruciaux pour l’avenir politique du Mali. Entre pressions internationales, rivalités internes et urgence des défis à relever, la junte et le gouvernement de transition jouent une partition complexe dont l’issue est plus incertaine que jamais.