Alors que les conflits s’intensifient à travers le monde, les travailleurs humanitaires se retrouvent confrontés à une recrudescence alarmante de la violence. Un phénomène dénoncé par la Croix-Rouge, qui appelle à un renforcement urgent de leur protection et du respect du droit international humanitaire.
Une mission de plus en plus périlleuse
Le constat est sans appel pour Kate Forbes, présidente de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) : le travail des humanitaires devient chaque jour plus difficile et dangereux. « Les conflits se sont intensifiés, mettant en danger les civils et nos volontaires, ce qui rend encore plus difficile l’acheminement de l’aide humanitaire », alerte-t-elle.
Depuis le début de l’année, ce sont 30 volontaires du réseau qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, dont plusieurs victimes de la guerre dévastatrice menée par Israël contre le Hamas à Gaza et de la guerre civile au Soudan. Des pertes immenses pour les communautés qu’ils servaient et pour le Mouvement, qui affaiblissent sa capacité à venir en aide aux plus vulnérables.
Un Fonds pour soutenir les familles endeuillées
Face à cette situation dramatique, Kate Forbes a annoncé la création d’un « Fonds Rouge de la Famille ». Une mesure concrète visant à apporter un soutien financier aux proches des volontaires décédés sur le terrain. « Il s’agit d’une mesure concrète qui démontre notre engagement à honorer ceux qui prennent soin des autres », a-t-elle souligné devant l’assemblée générale de la FICR à Genève.
Le déclin inquiétant du respect du droit humanitaire
Mais au-delà de ce fonds, c’est un phénomène plus large et préoccupant que dénonce la présidente de la FICR : le recul du respect du droit international humanitaire. « La recrudescence de la violence à l’encontre des travailleurs humanitaires souligne le déclin du respect du droit humanitaire international et constitue une menace directe pour notre mission », alerte-t-elle.
Un constat partagé par Mirjana Spoljaric, présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui estime que le Mouvement fait face à des « défis sans précédent », menaçant la possibilité d’une « action humanitaire impartiale, neutre et indépendante, permettant d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin ».
Une conférence pour renforcer la protection des humanitaires
Pour tenter d’enrayer cette tendance inquiétante, le CICR et la FICR organisent la semaine prochaine à Genève une conférence internationale sur les moyens de renforcer le respect du droit humanitaire international. L’objectif : trouver des solutions concrètes pour mieux protéger ceux qui œuvrent chaque jour au secours des victimes des conflits.
Les attaques contre les travailleurs humanitaires sont inacceptables. Elles violent le droit international humanitaire et mettent en danger des vies innocentes. La communauté internationale doit agir de toute urgence pour assurer leur protection.
Peter Maurer, ancien président du CICR
Car derrière ces attaques, ce sont les populations civiles qui paient le prix fort. Lorsque les humanitaires sont pris pour cible, ce sont des milliers de femmes, d’enfants, de blessés qui se retrouvent privés de soins et d’assistance vitale. Une situation intolérable qui appelle une réaction ferme et unie de la communauté internationale.
Renforcer la sécurité des volontaires : une priorité absolue
Parmi les pistes évoquées pour renforcer la protection des humanitaires : une meilleure formation aux risques sécuritaires, un dialogue renforcé avec les parties aux conflits, mais aussi des sanctions plus fermes contre ceux qui s’en prennent délibérément au personnel humanitaire.
Le Mouvement Croix-Rouge, avec ses 191 sociétés nationales et ses 16 millions de volontaires, entend en tout cas en faire une priorité absolue. Car plus que jamais, en ces temps de crises et de conflits, le monde a besoin de ces héros du quotidien, qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Des femmes et des hommes animés par un idéal universel d’humanité, qu’il est vital de protéger et de soutenir.
Un appel à l’action
Alors que la Croix-Rouge s’apprête à entamer ces discussions cruciales, elle lance un appel à tous : États, organisations internationales, groupes armés, mais aussi citoyens. Chacun à son niveau peut contribuer à créer un environnement plus sûr pour les travailleurs humanitaires.
- En respectant et en faisant respecter le droit international humanitaire
- En condamnant fermement toute attaque contre le personnel humanitaire
- En soutenant les organisations qui œuvrent pour leur protection
Car n’oublions jamais que derrière chaque humanitaire attaqué, menacé ou tué, ce sont des milliers de vies innocentes qui sont mises en danger. En protégeant ceux qui secourent, c’est l’humanité tout entière que nous défendons.