Depuis l’annonce en octobre 2022 de la création d’un centre de rétention administrative (CRA) à Nantes, le projet suscite de vives réactions au sein de la gauche locale. Si la maire socialiste Johanna Rolland a initialement soutenu cette implantation lors d’une rencontre avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, la position du Parti Socialiste apparaît aujourd’hui plus que jamais ambivalente sur le sujet.
La fédération PS de Loire-Atlantique dit non au CRA
Le 28 mai dernier, coup de théâtre. La fédération de Loire-Atlantique du Parti Socialiste publie un communiqué dans lequel elle exprime son opposition ferme à l’implantation de ce qui serait l’unique CRA du département. Une prise de position en contradiction apparente avec le soutien apporté par la majorité socialiste à la mairie de Nantes.
Karim Benbrahim, premier secrétaire fédéral du PS en Loire-Atlantique, assure que ce communiqué reflète la position du parti sur le sujet, fruit d’un « large consensus » en interne. Il botte cependant en touche lorsqu’il s’agit d’expliquer les 19 mois de flottement qui ont précédé cette prise de position tranchée.
Des élus socialistes divisés sur la question
Du côté de la mairie de Nantes, l’embarras est palpable. Difficile en effet de trouver des élus socialistes qui assumeraient publiquement une opposition frontale au projet de CRA. Pascal Bolo, adjoint aux finances et figure du PS local, avait lui défendu dès 2022 une implantation « dans l’ordre des choses », évoquant un lien entre délinquance et présence d’étrangers en centre-ville.
Cela ne permet pas de clarifier pour autant la position officielle de la mairie de Nantes qui reste pour le moins ambivalente.
Marina Ferreuela, référente LFI de l’intercollectif “Colère” opposé au CRA
Un enjeu sensible à l’approche des municipales
Pour la gauche radicale et écologiste, qui manifeste régulièrement son opposition au CRA, la position socialiste s’expliquerait par des considérations électoralistes. À deux ans des élections municipales, la majorité serait « gagnée par une certaine fébrilité » sur les questions de sécurité. Entre alignement sur la droite et ancrage à gauche, l’équilibre s’avère périlleux.
Le CRA de Nantes, dont l’ouverture est prévue au plus tard en 2027, cristallise ainsi les tensions au sein d’une famille socialiste plus divisée que jamais. Au-delà des postures, le sujet interroge sur la ligne politique d’une mairie qui peine à clarifier sa position. Les mois à venir s’annoncent décisifs, entre impératifs sécuritaires et ancrage idéologique.