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La Cour Suprême suspend une exécution au Texas, ravivant le débat

La Cour Suprême des États-Unis vient de suspendre l'exécution d'un homme condamné à mort au Texas. Cette décision inattendue relance le débat houleux sur la peine capitale en Amérique. Ruben Gutierrez, qui clame son innocence depuis plus de 20 ans, pourrait bien...

C’est une décision qui ne manquera pas de faire réagir et de raviver le débat sur la peine de mort aux États-Unis. Mardi 16 juillet, la Cour Suprême américaine a suspendu in extremis l’exécution d’un homme condamné à la peine capitale au Texas pour le meurtre particulièrement brutal d’une octogénaire en 1998.

Ruben Gutierrez, 47 ans, devait recevoir l’injection létale le soir même. Mais les neuf sages de la haute cour ont accordé un sursis au condamné, le temps d’examiner son recours. Une décision rarissime, à quelques heures seulement de l’exécution programmée.

Un coupable qui clame son innocence depuis 24 ans

Ruben Gutierrez a été condamné à mort en 1999 pour le meurtre d’Escolastica Harrison, 85 ans, lors du cambriolage de sa maison à Brownsville, dans le sud du Texas. La vieille dame avait été frappée et poignardée à de multiples reprises. Depuis plus de deux décennies, Gutierrez clame son innocence et réclame de nouveaux tests ADN sur des échantillons prélevés sur la scène de crime, qui pourraient selon lui le disculper.

L’homme de 47 ans assure qu’il n’est pas entré dans la maison, contrairement à ses deux complices, et qu’il ignorait leur intention de tuer la victime. Mais les cours texanes ont systématiquement rejeté ses demandes d’analyse ADN ces dernières années.

Une énième suspension d’exécution

Ce n’est pas la première fois que l’exécution de Ruben Gutierrez est suspendue à la dernière minute. En juin 2020 déjà, la Cour Suprême avait accordé un sursis au condamné, quelques heures avant son injection létale programmée. Ses avocats avaient alors fait valoir qu’en raison de la pandémie de Covid-19, la présence d’un conseiller spirituel à ses côtés durant l’exécution n’était pas garantie.

Cette fois-ci, la haute cour a motivé sa décision par la nécessité d’examiner l’ultime recours de Gutierrez sur le fond. Ses avocats estiment que les preuves matérielles de sa culpabilité sont inexistantes, et qu’il n’est passé aux aveux que sous la menace.

Nous espérons, maintenant que la Cour est intervenue pour arrêter cette exécution, que nous pourrons enfin effectuer les tests ADN pour prouver que M. Gutierrez ne doit pas être exécuté.

– Shawn Nolan, avocat de Ruben Gutierrez

Le débat sur la peine de mort ravivé

Cette énième suspension d’exécution, dans un pays qui a déjà procédé à 24 mises à mort depuis le début de l’année, ne manquera pas d’alimenter le débat toujours vif sur la peine capitale aux États-Unis.

Alors que 23 États américains ont aboli la peine de mort et que 6 autres observent un moratoire, le Texas reste l’un des États qui y a le plus souvent recours. Depuis le rétablissement de la peine capitale par la Cour Suprême en 1976, le Texas a procédé à plus de 570 exécutions, loin devant les autres États.

La décision de la haute Cour dans l’affaire Gutierrez soulève une fois de plus les questions de l’irréversibilité de la peine de mort, des erreurs judiciaires potentielles, et du refus d’examiner des éléments pouvant innocenter des condamnés. Des arguments que ne manqueront pas d’invoquer les abolitionnistes pour appeler à la fin de ce châtiment jugé cruel et inhumain.

En attendant, le sort de Ruben Gutierrez est entre les mains de la plus haute juridiction américaine. Celle-ci dispose de plusieurs mois pour décider si elle se saisit ou non de son recours. Un temps précieux pour celui qui, depuis plus de 20 ans dans le couloir de la mort, continue de clamer son innocence.

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