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La Corse face à une « colonisation de peuplement » : le débat s’enflamme

Un nouveau parti indépendantiste corse, Nazione, dénonce une « colonisation de peuplement » de l'île par l'État français. Ils réclament une refonte du corps électoral en réservant le droit de vote aux résidents de plus de 10 ans. Un débat explosif qui divise l'île de beauté...

En Corse, le débat sur l’indépendance s’enflamme à nouveau. Le tout nouveau parti indépendantiste corse, Nazione, a marqué les esprits lors de sa première participation aux rencontres internationales de Corte début août. Dénonçant ce qu’ils qualifient de « colonisation de peuplement par l’État français », les militants réclament ni plus ni moins qu’une refonte du corps électoral sur l’île.

Nazione, fer de lance d’un indépendantisme corse revigoré

Nazione n’est pas un simple successeur de Corsica Libera, mais bien un rassemblement plus large visant à restructurer et étendre le mouvement indépendantiste corse. Sa création répond d’ailleurs à un appel du FLNC (Front de Libération Nationale Corse) qui a revendiqué en octobre dernier sa plus importante « nuit bleue » depuis plus de 10 ans, avec pas moins de 25 attentats ou tentatives visant principalement des résidences secondaires.

« La Corse est passée de 250 000 à 350 000 habitants ces vingt dernières années alors que sa natalité est en chute. Cet apport de population s’apparente à une colonisation de peuplement par l’État français »

Petr’Anto Tomasi, porte-parole de Nazione

Pour Nazione, cette évolution démographique explique la montée du vote d’extrême-droite, qui dépasserait désormais les 40% dans l’île. Il s’agirait selon eux d’un « vote communautaire français » essentiellement porté par les nouveaux arrivants.

Une refonte du corps électoral au cœur des revendications

Fort de ce constat, le mouvement indépendantiste prône l’instauration d’un statut de résident. Celui-ci réserverait le droit de vote aux seuls habitants présents depuis plus de 10 ans sur l’île. Plus globalement, Nazione milite pour des droits spécifiques liés à ce statut en matière d’emploi et d’accès à la propriété immobilière et foncière.

Des revendications qui se heurtent à une fin de non-recevoir de la part de l’État. Le gouvernement a en effet exclu d’emblée toute idée de « double citoyenneté » des discussions de Beauvau, au même titre que la reconnaissance d’un peuple corse ou l’officialisation de la langue corse. Une « ligne rouge » infranchissable pour Paris.

Un processus d’autonomie jugé très insuffisant

« Ce qui a été négocié à Beauvau, ce n’est même pas une autonomie, c’est une simple décentralisation » tacle Petr’Anto Tomasi à l’adresse des partisans locaux du projet d’autonomie. Le porte-parole de Nazione plaide lui pour l’inscription de la Corse sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU.

Les indépendantistes s’inquiètent par ailleurs de l’évolution en Nouvelle-Calédonie, y voyant un possible reflet de l’avenir de la Corse. La composition du corps électoral pour le prochain référendum d’autodétermination est en effet au cœur de vives tensions dans l’archipel du Pacifique.

Le spectre d’un retour des violences

En clôture des journées de Corte, trois membres cagoulés et armés du FLNC sont venus rappeler devant une foule conquise que la violence peut ressurgir à tout moment. « Chez nous, aujourd’hui comme hier, l’extrême droite, qu’elle soit française ou qu’elle se drape dans le drapeau à tête de Maure, reste une gangrène pour le peuple corse » a mis en garde l’un d’eux.

Un avertissement qui résonne comme une menace alors que le débat sur l’avenir institutionnel de l’île s’enlise. Entre revendications indépendantistes, poussée de l’extrême-droite et intransigeance de l’État, tous les ingrédients semblent réunis pour une nouvelle escalade des tensions. L’été s’annonce brûlant sur l’île de beauté.

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