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La corruption freine la modernisation de l’armée chinoise

La corruption interne entraverait les ambitions de modernisation de l'armée chinoise malgré ses avancées technologiques. Quelles conséquences pour l'équilibre des forces dans la région ?

Selon un récent rapport du Pentagone, la corruption endémique au sein de l’armée chinoise freinerait ses ambitieux projets de modernisation militaire. Malgré des progrès technologiques indéniables, notamment dans les domaines du nucléaire et des missiles hypersoniques, les purges et destitutions de hauts gradés pour faits de corruption perturberaient les avancées vers les objectifs fixés pour 2027.

D’après une source proche du dossier, entre juillet et décembre 2023, pas moins de 15 officiers supérieurs et dirigeants de l’industrie de défense auraient été démis de leurs fonctions suite à des enquêtes pour malversations. Plusieurs de ces cadres écartés supervisaient directement des programmes clés liés à la modernisation de l’arsenal nucléaire et conventionnel terrestre de la République Populaire de Chine.

Une corruption qui n’empêche pas les progrès technologiques

Malgré ce climat délétère, l’armée chinoise, engagée dans un vaste chantier de modernisation depuis des décennies, continue d’enregistrer des avancées significatives. Le nombre d’ogives nucléaires opérationnelles est ainsi passé de plus de 500 en 2022 à plus de 600 en 2024. Une expansion qui permettrait à Pékin, en cas de conflit nucléaire, de cibler un nombre inédit de villes et d’installations américaines.

L’aviation chinoise se rapproche elle aussi rapidement des standards technologiques américains. Mais c’est dans le domaine des missiles hypersoniques que les progrès sont les plus spectaculaires. La Chine dispose aujourd’hui du premier arsenal au monde dans ce domaine, fruit de 20 ans d’investissements soutenus.

La dissuasion américaine face au défi chinois

Face à une puissance chinoise en pleine affirmation, les États-Unis ont fait de la compétition stratégique avec Pékin leur priorité numéro un. S’ils jugent un conflit non inévitable, ils cherchent à dissuader toute velléité chinoise sur Taïwan en déployant des forces dans le Pacifique et en s’appuyant sur un réseau d’alliés régionaux.

Taïwan, pomme de discorde entre Pékin et Washington

Taïwan reste effectivement le principal point d’achoppement entre les deux superpuissances. Pékin considère l’île comme une province chinoise à réunifier, par la force si nécessaire. De son côté, Washington, lié à Taipei par un accord de longue date, s’est engagé à lui fournir les moyens de sa défense. Deux visions irréconciliables qui font planer le spectre d’un conflit aux conséquences potentiellement dévastatrices.

Selon des experts en géopolitique, la corruption interne des forces armées chinoises, bien que préoccupante pour Pékin, n’annihile en rien la menace qu’elles font peser sur l’équilibre régional. L’accélération des programmes militaires chinois et leur montée en puissance capacitaire plaideraient même pour une intensification des tensions dans les années à venir, alors que la fenêtre d’opportunité d’une invasion de Taïwan pourrait se refermer avec le renforcement de la posture américaine dans le Pacifique.

Face à ces défis multiples, Xi Jinping, à la fois chef du Parti Communiste Chinois, commandant suprême des forces armées et architecte de la grande stratégie chinoise, semble déterminé à poursuivre la modernisation et la lutte anticorruption au sein de l’appareil militaire pour concrétiser ses ambitions de puissance. Une équation complexe dont dépendra largement l’avenir de la stabilité en Asie-Pacifique.

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