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La corruption entrave la reconstruction de l’Ukraine meurtrie par la guerre

L'Ukraine, meurtrie par la guerre, doit maintenant affronter un autre ennemi : la corruption. Malgré les progrès, ce fléau persistant menace de freiner la reconstruction du pays. Les autorités parviendront-elles à rassurer les investisseurs étrangers et à rétablir la confiance ? La clé réside peut-être dans...

Alors que l’Ukraine tente de se relever des ravages causés par l’invasion russe, un obstacle de taille se dresse sur le chemin de sa reconstruction : la corruption endémique qui gangrène le pays depuis des décennies. Malgré des progrès notables ces dernières années, ce fléau persistant menace aujourd’hui de dissuader les investisseurs étrangers et de ralentir le processus de reconstruction, pourtant vital pour l’avenir du pays.

Des cas de corruption qui ébranlent la confiance

Récemment, plusieurs affaires de détournement de fonds destinés à la reconstruction ont éclaté au grand jour, jetant une ombre sur les efforts déployés par les autorités ukrainiennes pour combattre la corruption. À Gostomel, en banlieue de Kiev, l’administration militaire locale aurait ainsi tenté de s’approprier les fonds d’un projet de reconstruction de logements, poussant l’entreprise française Neo-Eco à abandonner le chantier.

Selon un audit de l’État publié en décembre 2023, le préjudice total s’élèverait à près de 480 000 euros. Des cas similaires ont été rapportés dans d’autres régions du pays, sans compter les scandales qui ont éclaboussé les plus hautes sphères de l’armée et des ministères.

La transparence comme clé de voûte

Face à ces dérives, les autorités ukrainiennes affirment avoir intensifié leurs efforts pour lutter contre la corruption. Selon Viktor Pavlouchtchyk, directeur de l’Agence nationale de prévention de la corruption, environ 500 affaires ont été ouvertes depuis le début de l’année 2023 et une soixantaine de personnes ont été condamnées.

Ce n’est pas dans l’ADN des Ukrainiens, c’est simplement une question de volonté.

Moustafa Nayyem, ancien directeur de l’Agence de reconstruction

Pour rassurer les investisseurs étrangers, l’Ukraine mise sur la transparence. La plateforme DREAM, lancée l’an dernier, recense ainsi tous les projets de reconstruction et permet à chacun de suivre leur avancée et leur financement. À terme, son utilisation devrait être obligatoire pour tous les chantiers.

Un chemin semé d’embûches

Malgré ces initiatives encourageantes, beaucoup reste à faire pour éradiquer la corruption en Ukraine. Selon Transparency International, le pays se classait encore en 2023 à la 104e place sur 180 en termes de perception de la corruption, même si son score était en progression.

Les observateurs craignent que ce problème persistant ne freine la reconstruction du pays, dont le coût total est estimé à 486 milliards de dollars par la Banque mondiale, l’ONU, l’Union européenne et le gouvernement ukrainien. Un défi colossal qui nécessitera la mobilisation de tous les acteurs, publics comme privés.

Reconstruire malgré les obstacles

Face à ces difficultés, certains investisseurs étrangers comme Neo-Eco ont choisi de ne pas baisser les bras. Malgré sa mésaventure à Gostomel, l’entreprise française continue de croire au potentiel de l’Ukraine et travaille sur plusieurs autres projets dans le pays, en privilégiant les localités en lesquelles elle a confiance.

Il a simplement fallu apprendre à “zigzaguer entre les différents obstacles”.

Bart Gruyaert, directeur de projet chez Neo-Eco

Cette détermination à poursuivre les efforts de reconstruction malgré les embûches témoigne de la résilience du peuple ukrainien et de la volonté de ses partenaires internationaux de l’accompagner sur le chemin de la paix et de la prospérité. Mais pour que cette ambition devienne réalité, il faudra impérativement que les autorités ukrainiennes intensifient leur lutte contre la corruption et instaurent un climat de confiance propice aux investissements.

C’est à ce prix que l’Ukraine pourra tourner la page des stigmates de la guerre et se reconstruire sur des bases saines et durables. Un défi immense, mais pas insurmontable si tous les acteurs, des plus hauts responsables politiques aux simples citoyens, s’engagent résolument dans cette voie. Car comme le souligne Moustafa Nayyem, ancien directeur de l’Agence de reconstruction : “Ce n’est pas dans l’ADN des Ukrainiens, c’est simplement une question de volonté.”

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