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La Corée du Sud en crise: loi martiale, destitution et enquêtes

La Corée du Sud traverse l'une des pires crises de son histoire. Après la loi martiale décrétée par le président Yoon, le pays est au bord du chaos. Entre tentative de destitution et enquêtes policières, quelles seront les prochaines étapes de...

Une crise sans précédent secoue actuellement la Corée du Sud. Le pays, considéré comme un modèle de démocratie en Asie, se retrouve au bord du chaos après l’instauration soudaine de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol mardi soir. Retour sur les événements tumultueux qui ont ébranlé la jeune démocratie sud-coréenne ces derniers jours.

Un putsch présidentiel avorté

Tout commence mardi à 22h24 heure locale, quand le président Yoon déclare de façon inattendue la loi martiale, prétextant une menace des « forces communistes nord-coréennes ». Le décret présidentiel suspend la vie démocratique, ferme le Parlement et place les médias sous contrôle militaire. Une mesure inédite qui rappelle les heures sombres de la dictature militaire des années 70-80.

Mais le putsch fait long feu. Des centaines de députés parviennent à s’introduire dans l’Assemblée nationale, encerclée par l’armée, et votent à l’unanimité la levée de la loi martiale. La pression populaire, avec des milliers de manifestants rassemblés devant le Parlement, force finalement le président à capituler. Vers 4h30 du matin, Yoon Suk Yeol abroge son décret et retire les troupes.

L’Assemblée tente de destituer le président

L’opposition, qui détient la majorité des sièges, dépose immédiatement une motion de destitution contre le président pour sa tentative de coup d’État. Mais lors du vote crucial samedi soir, le parti présidentiel parvient à invalider le scrutin en le boycottant, privant l’Assemblée du quorum des deux tiers requis.

Un camouflet pour l’opposition, qui crie au « coup d’État parlementaire ». Mais le camp présidentiel assure avoir agi de façon « responsable » pour résoudre la crise, en échange de la promesse de Yoon Suk Yeol de se retirer et de laisser les rênes du pouvoir à son parti et au Premier ministre. Une version contestée par le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, qui promet de relancer une procédure de destitution dès le 14 décembre.

Enquêtes et arrestations en série

Parallèlement au bras de fer politique, la police a ouvert plusieurs enquêtes judiciaires contre le président Yoon et son entourage pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort. L’ex-ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, a été arrêté dimanche, tandis que le ministre de l’Intérieur a démissionné, tous deux mis en cause pour leur rôle dans la loi martiale.

Des révélations explosives sont faites devant les députés par les chefs militaires, comme l’existence d’une liste de dirigeants politiques à arrêter, incluant le chef de l’opposition et même des ténors du parti au pouvoir. Le chef des forces spéciales admet avoir reçu l’ordre de « traîner » les élus récalcitrants hors du Parlement mardi soir.

Une démocratie sous haute tension

Après cette séquence aussi intense que chaotique, la Corée du Sud se retrouve dans une grande confusion politique et institutionnelle. Si le président semble pour l’instant échapper à la destitution grâce au soutien de son camp, il ressort très affaibli et isolé de cette crise qu’il a lui-même provoquée.

On assiste à une véritable crise de régime. La tentative de coup de force de Yoon Suk Yeol a montré la fragilité de la démocratie coréenne et les tentations autoritaires qui sommeillent dans une partie de la classe politique.

Un politologue sud-coréen cité par une source proche du dossier

Beaucoup s’inquiètent désormais des conséquences à long terme de cet épisode inédit. Comment restaurer la confiance dans les institutions? Peut-on maintenir un président qui a bafoué l’État de droit? Quels garde-fous mettre en place pour empêcher un nouveau dérapage?

Autant de questions qui agitent la société civile et les milieux politiques, alors que le pays apparaît plus fracturé que jamais. De nouvelles manifestations sont attendues dans les prochains jours pour réclamer le départ du président, et la bataille pour sa destitution s’annonce féroce au Parlement.

La Corée du Sud, 10e puissance économique mondiale, se retrouve au bord de la crise de nerfs. Après avoir été longtemps citée en exemple démocratique en Asie, elle affronte aujourd’hui le plus grand défi politique de son histoire récente. L’issue de ce conflit ouvert entre l’exécutif, le législatif et la rue sera déterminante pour l’avenir du pays et sa stabilité.

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