Après plusieurs jours d’une étrange “guerre des déchets”, la Corée du Nord a annoncé ce dimanche une trêve dans l’envoi de ballons remplis d’immondices vers son voisin du Sud. Une décision aussi soudaine qu’inattendue qui soulève de nombreuses questions sur les motivations de Pyongyang.
Retour sur une escalade sans précédent
Tout a commencé il y a quelques jours, lorsque la Corée du Sud a accusé le régime nord-coréen d’envoyer des centaines de ballons par-dessus la Zone Démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays. Mais au lieu de tracts de propagande habituels, ces ballons contenaient des déchets en tout genre : mégots de cigarettes, emballages plastiques, etc. Une provocation inédite dans l’histoire déjà tumultueuse des relations inter-coréennes.
Face à cette situation, Séoul a vivement réagi, dénonçant une violation des accords inter-coréens et une atteinte à l’environnement. Le gouvernement sud-coréen a exigé l’arrêt immédiat de ces envois et menacé de représailles. Mais cela n’a pas dissuadé le Nord qui a continué ses tirs de ballons poubelles, avec un pic ce dimanche où environ 600 nouveaux ballons auraient franchi la frontière selon Séoul.
Une guerre psychologique d’un nouveau genre
Si l’envoi de tracts de propagande par ballon est une pratique courante entre les deux Corées, l’utilisation de déchets est une première. Les experts y voient une forme de guerre psychologique visant à provoquer et déstabiliser le Sud. En dispersant des immondices sur le territoire sud-coréen, Pyongyang cherche à la fois à marquer les esprits et à créer des nuisances concrètes pour les populations frontalières.
C’est une manière pour le Nord de montrer sa frustration et son mécontentement vis-à-vis du Sud, sans pour autant franchir une ligne rouge.
Analyse Lee Seong-hyon, chercheur à l’Institut Sejong de Séoul.
Pourquoi Pyongyang met fin à l’escalade
Alors que rien ne laissait présager un apaisement, l’annonce par Pyongyang de la suspension des envois de ballons surprend. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce revirement :
- Le régime nord-coréen a atteint ses objectifs en termes de provocations et estime avoir fait passer son message.
- Face à la fermeté de Séoul, le Nord a préféré mettre temporairement fin à l’escalade pour éviter des représailles.
- Pyongyang souhaite préserver une marge de manœuvre pour un éventuel dialogue avec le nouveau gouvernement conservateur sud-coréen.
Quoiqu’il en soit, cette décision ne signifie pas la fin des tensions. La “guerre des déchets” aura montré que le Nord dispose d’un nouvel outil de pression psychologique qu’il pourrait réactiver à tout moment. Les relations inter-coréennes restent donc sur le fil du rasoir, à la merci de la prochaine provocation de Pyongyang.
