La semaine prochaine, les dirigeants du monde entier se réuniront à Bakou, en Azerbaïdjan, pour la très attendue COP29. Au cœur des discussions : la finance climatique et l’aide aux pays en développement pour réduire leurs émissions et s’adapter au changement climatique. Mais cette conférence cruciale pourrait être éclipsée par un autre événement majeur : les élections présidentielles américaines, dont le résultat sera connu quelques jours à peine avant le début du sommet.
Un nouvel objectif financier ambitieux
L’enjeu principal de la COP29 sera de fixer un nouvel objectif chiffré d’aide financière pour les pays du Sud. Cet engagement succèdera à celui des 100 milliards de dollars par an, difficilement atteint en 2022 seulement. Selon certains experts, comme Rachel Cleetus de l’Union of Concerned Scientists, il faudrait viser les 1000 milliards annuels pour être à la hauteur des défis. Mais la question épineuse du partage de l’effort entre pays riches et émergents comme la Chine reste entière.
Tensions géopolitiques et austérité
Les pourparlers se dérouleront dans un contexte international tendu, marqué par les conflits au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine et les rivalités commerciales entre l’Occident et la Chine. S’ajoute à cela un climat d’austérité budgétaire dans de nombreux pays développés, qui pourrait freiner leur générosité. Malgré tout, pour Rachel Cleetus, « ce n’est pas de la charité » mais un investissement indispensable pour éviter des coûts bien plus élevés à l’avenir.
L’ombre de l’élection américaine
Mais c’est surtout le résultat de l’élection présidentielle américaine, quelques jours avant la COP, qui pourrait tout chambouler. En cas de victoire de Donald Trump, qui a promis de se retirer à nouveau de l’Accord de Paris, « il y aura une sorte de moment de crise » selon Li Shuo de l’Asia Society Policy Institute. Certains pays comme la Chine se préparent déjà à envoyer un message clair en faveur de la poursuite de la coopération, mais d’autres pourraient attendre de connaître l’issue du scrutin avant de finaliser leurs engagements.
Les décisions qui seront prises à Bakou pourraient affecter en profondeur les trajectoires climatiques et la capacité à respecter la limite de 1,5°C.
Cosima Cassel, E3G
Un sommet sous haute tension
Le déroulement de la COP29 s’annonce donc sous haute tension, avec en toile de fond des événements climatiques extrêmes toujours plus fréquents et intenses partout dans le monde. Selon l’ONU Environnement, les promesses actuelles des États nous mènent vers un réchauffement catastrophique de 2,6°C à 2,8°C d’ici 2100. Les décisions prises à Bakou seront donc scrutées de près, d’autant que les pays doivent soumettre leurs nouveaux engagements nationaux avant la COP30 au Brésil l’an prochain.
Au-delà des négociations onusiennes
Mais les avancées les plus significatives pourraient venir d’ailleurs que de l’enceinte de l’ONU, nuance Li Shuo. Pour lui, c’est du côté de « l’économie verte » et de la course technologique pour les renouvelables, les véhicules électriques et le stockage qu’il faut regarder. Un avis que semble partager John Kerry, l’envoyé spécial américain pour le climat, qui a récemment déclaré que le véritable moteur de l’action climatique serait « le marché ». Une vision très “business” que tous ne partagent pas, certaines ONG plaidant pour des changements plus profonds de nos modes de vie et de consommation.
Une chose est sûre : entre élection américaine et COP29, la prochaine quinzaine s’annonce décisive pour l’avenir du climat et de l’humanité. Les dirigeants réunis à Bakou auront la lourde tâche de montrer qu’une véritable ambition collective est encore possible, malgré les divisions et les incertitudes du moment. L’urgence n’attend pas.