ActualitésInternational

La COP16 sur la Lutte Contre la Désertification Débute en Arabie Saoudite

La 16e conférence de l'ONU sur la désertification débute en Arabie saoudite. Enjeux cruciaux pour l'avenir de la planète sur fond de dégradation accélérée des sols. Quelles solutions pour enrayer ce fléau qui menace la sécurité mondiale ? Éléments de réponse.

En ce début décembre, tous les regards sont tournés vers l’Arabie saoudite. Non pas pour son or noir, mais pour une problématique bien plus préoccupante : la désertification galopante de notre planète. C’est en effet le royaume désertique qui accueille du 2 au 13 décembre la 16ème conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification (COP16), un rendez-vous crucial pour l’avenir de nos sols et de l’humanité.

La désertification, un fléau qui n’épargne personne

La désertification et la dégradation des terres ne sont pas des problèmes lointains et abstraits. Ils nous concernent tous, de près ou de loin. Perte de biodiversité, insécurité alimentaire, migrations forcées… Les conséquences sont multiples et désastreuses. D’après le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahim Thiaw, nous avons déjà perdu 40% de nos terres et de nos sols fertiles. Une situation alarmante qui appelle une réaction urgente et coordonnée au niveau mondial.

Nous sommes au bord d’un précipice et devons décider de reculer et prendre des mesures de transformation ou continuer sur un chemin de changements irréversibles en matière d’environnement.

Ibrahim Thiaw et Johan Rockstrom, dans la préface d’un récent rapport

Quand l’agriculture intensive épuise les sols

L’agriculture intensive est pointée du doigt comme l’un des principaux responsables de la dégradation accélérée des terres. Un constat mis en lumière par un nouveau rapport publié à la veille de la COP16 par des scientifiques et la CNULCD. Selon ce document, nos pratiques agricoles actuelles font peser un lourd fardeau sur les sols de la planète.

Utilisation massive de pesticides et d’engrais chimiques, labours profonds, monocultures… Ces méthodes appauvrissent les sols, les rendant plus vulnérables à l’érosion et à la désertification. Il est urgent de revoir notre modèle agricole et d’adopter des pratiques plus durables si nous voulons préserver ce capital naturel indispensable à notre survie.

1,5 milliard d’hectares à restaurer d’ici 2030 : un défi titanesque

Face à l’ampleur de la catastrophe annoncée, la communauté internationale s’était engagée lors de la précédente COP sur la désertification à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. Un objectif déjà ambitieux, mais qui semble désormais insuffisant aux yeux de la CNULCD. L’organisation estime qu’il faudrait en réalité restaurer 1,5 milliard d’hectares sur la même période pour espérer inverser la tendance. Un véritable défi à l’échelle planétaire qui nécessitera une mobilisation sans précédent de tous les acteurs.

L’Arabie saoudite, un pays hôte paradoxal mais légitime ?

Le choix de l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au monde, pour accueillir cette COP16 sur la désertification peut surprendre. Le royaume est régulièrement pointé du doigt pour son rôle dans le changement climatique. Pourtant, comme l’a souligné Osama Faqeeha, ministre adjoint saoudien de l’environnement, le pays est lui aussi directement menacé par l’avancée des déserts.

Nous sommes exposés à la forme la plus sévère de dégradation des sols, la désertification. Nos terres sont arides. Nos précipitations très faibles. C’est notre réalité depuis des siècles.

Osama Faqeeha, ministre adjoint saoudien de l’environnement

Cette vulnérabilité pourrait paradoxalement donner plus de crédibilité et de légitimité à l’Arabie saoudite dans les négociations. Le pays s’est d’ailleurs fixé un objectif ambitieux : restaurer 40 millions d’hectares de terres dégradées. Il a déjà réussi à en réhabiliter 240 000 en luttant contre la déforestation et en développant son réseau de parcs naturels, passé de 19 en 2016 à plus de 500 aujourd’hui.

Parvenir à un consensus mondial : un enjeu crucial

L’un des principaux enjeux de cette COP16 sera de parvenir à un consensus sur la nécessité d’accélérer la restauration des terres dégradées et d’adopter une approche proactive face aux sécheresses. Un défi de taille tant les intérêts divergent entre pays du Nord et du Sud, entre États pétroliers et champions des énergies renouvelables.

Mais face à l’urgence de la situation, l’heure n’est plus aux tergiversations. Comme l’a martelé Ibrahim Thiaw, la sécurité mondiale est en jeu. Et pas seulement en Afrique ou au Moyen-Orient. La désertification est une menace qui nous concerne tous, et qui exige une réponse globale et coordonnée. Espérons que les milliers de délégués réunis à Ryad sauront se montrer à la hauteur de l’enjeu et ouvrir la voie à des actions concrètes et ambitieuses. L’avenir de nos terres, et de l’humanité tout entière, en dépend.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.