C’est un “congrès de la victoire” que la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, a ouvert ce mardi à Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne. Avec un objectif martelé par son secrétaire général Christian Convers : renverser le pouvoir du syndicat majoritaire FNSEA et mettre fin à ce qu’il qualifie d'”agricide” en France.
Devant environ 200 adhérents réunis au palais des congrès du Futuroscope, Christian Convers a appelé à chasser la FNSEA de la présidence des chambres d’agriculture, qu’elle dirige presque toutes. Un appel à la mobilisation lancé à quelques mois du scrutin professionnel de janvier prochain, qui déterminera la gouvernance de ces instances et les financements publics dévolus aux syndicats agricoles.
Dénoncer la “co-gestion” et imposer l'”exception agri-culturelle”
Le leader syndical a dénoncé ce qu’il considère comme une “co-gestion” de l’agriculture française entre le gouvernement et la FNSEA. Fustigeant notamment le “jeu trouble” du syndicat majoritaire sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, Christian Convers a accusé le dirigeant de la FNSEA Arnaud Rousseau de préparer le terrain en rachetant des usines en Amérique latine via le groupe Avril qu’il préside.
Face à cela, la Coordination rurale entend bien “renverser la table” et imposer sa vision d’une “exception agri-culturelle” pour l’agriculture française. Un combat qui passe par les urnes mais aussi par des actions de terrain musclées, le syndicat n’hésitant pas à “provoquer le chaos” pour se faire entendre.
Des “bonnets jaunes” à la pointe de la contestation
En un an, la Coordination rurale a multiplié les coups d’éclat : président “humilié” au Salon de l’agriculture, tentative de blocage du MIN de Rungis, occupation de l’Arc de Triomphe… Des actions qui ont fait découvrir au grand public ces agriculteurs aux “bonnets jaunes”, à la pointe de la mobilisation selon Christian Convers.
Le syndicat compte bien continuer sur cette lancée durant son congrès, avec notamment l’établissement d’un barrage filtrant à la frontière espagnole ou le blocage du fret alimentaire mercredi. Tout en portant des revendications précises comme la baisse des charges sociales et fiscales ou du coût du carburant agricole.
Un syndicat qui veut porter “une vision d’avenir”
Au-delà de la contestation, la Coordination rurale affirme porter “une vision d’avenir” pour l’agriculture française et ne pas être qu’un “syndicat de témoignage”. Parmi ses chevaux de bataille, la “dissolution de l’Office français de la biodiversité (OFB)” que réclame Christian Convers.
Des propositions et des modes d’action qui détonnent dans le paysage syndical agricole. Reste à savoir si cela suffira à convaincre les agriculteurs de renverser la table lors des prochaines élections professionnelles. Un scrutin crucial que la Coordination rurale aborde avec l’ambition de provoquer “un moment historique” pour imposer sa ligne.