Depuis le début des années 2000, la France connaît une baisse constante de sa consommation de viande. Un phénomène de fond qui s’explique par une combinaison de facteurs économiques, éthiques et de santé publique. Avec une chute de 5,8% en 20 ans et un déclin particulièrement marqué pour la viande bovine, les habitudes alimentaires des Français sont en pleine mutation. Décryptage d’une tendance lourde aux multiples implications.
La viande bovine, grande perdante
Si la consommation globale de viande recule en France, toutes les filières ne sont pas logées à la même enseigne. C’est le bœuf qui accuse le plus fort repli, avec une chute de 19% entre 2003 et 2022. Les Français sont ainsi passés d’une consommation moyenne de 26,3 kg par habitant et par an à seulement 21,3 kg sur la période.
Cette désaffection s’explique en partie par les crises sanitaires à répétition qui ont touché le secteur (vache folle, viande de cheval…) et entamé la confiance des consommateurs. Mais d’autres facteurs plus structurels entrent aussi en jeu, comme la montée des préoccupations écologiques et le développement de modes d’alimentation alternatifs.
L’essor du flexitarisme
Parmi les nouvelles tendances alimentaires, le flexitarisme occupe une place de choix. Cette pratique, qui consiste à réduire sa consommation de viande sans l’exclure totalement, séduit de plus en plus de Français. Selon un récent sondage, ils seraient ainsi 30% à se déclarer flexitariens, contre seulement 5% de végétariens stricts.
Le flexitarisme est un moyen pour beaucoup de réduire leur impact environnemental sans bouleverser totalement leurs habitudes.
– Céline Laisney, AlimAvenir
En diminuant les quantités sans renoncer complètement à la viande, le flexitarisme apparaît comme un compromis acceptable pour une part croissante de la population. Un moyen de concilier aspirations éthiques, impératifs de santé et plaisir gustatif.
L’inflation pèse aussi sur les achats
Outre les considérations sanitaires et environnementales, le repli de la consommation de viande peut aussi s’expliquer par des raisons plus prosaïques. Avec une inflation galopante sur les prix alimentaires (+6,3% en mars sur un an), le budget des ménages se retrouve sous tension.
Et la viande, en particulier la viande bovine, fait partie des produits qui ont le plus augmenté. Sur les 12 derniers mois, les prix du bœuf ont ainsi bondi de 9,8% en moyenne, bien au-delà de l’inflation générale. Face à cette flambée des prix, bon nombre de consommateurs revoient leurs priorités et rognent sur leur budget viande.
Vers une mutation durable des habitudes ?
Si la crise du pouvoir d’achat pèse indéniablement sur les comportements d’achats, la baisse tendancielle de la consommation de viande semble s’inscrire dans un mouvement de fond qui dépasse les soubresauts conjoncturels. En 20 ans, les mentalités ont évolué, et avec elles les habitudes alimentaires des Français.
- Montée des préoccupations écologiques et de bien-être animal
- Développement de modes d’alimentation alternatifs (flexitarisme, végétarisme…)
- Prise de conscience des enjeux de santé publique liés à une consommation excessive
Autant de facteurs qui laissent à penser que le repli de la viande, et en particulier de la viande bovine, est parti pour durer. Un défi pour la filière élevage, mais aussi une opportunité pour les acteurs positionnés sur le créneau des protéines végétales, en plein essor.
Si la tendance semble claire, il faudra cependant attendre les prochaines années pour mesurer l’ampleur réelle et la pérennité de ces mutations dans les assiettes des Français. Une chose est sûre : le modèle alimentaire dominant du XXe siècle, centré sur la viande, est aujourd’hui questionné comme jamais.