En dépit des baisses de prix observées depuis plusieurs mois dans les rayons, les ventes de produits alimentaires et de grande consommation poursuivent leur recul en France. Au premier semestre 2024, les achats en volumes ont diminué de 1,6% sur un an selon l’institut Circana, marquant ainsi le sixième semestre consécutif de repli. Une tendance préoccupante pour les industriels et les distributeurs.
Une baisse continue depuis mi-2021
La déconsommation alimentaire a débuté à l’été 2021 et ne montre pas de signes d’essoufflement. Après un recul de 2% des volumes en 2022 puis de 3% en 2023, la baisse se poursuit en 2024 à un rythme certes moins soutenu mais toujours significatif. Et ce malgré le reflux des prix amorcé il y a quelques mois, après deux années de forte inflation.
Le léger recul des prix observé en rayon depuis des mois, après une flambée des prix alimentaires (+22 % sur deux ans), n’a pas permis de redonner de l’appétit aux consommateurs.
Le chiffre d’affaires des distributeurs menacé
Jusqu’à présent, la baisse des volumes achetés était compensée par la hausse des prix, permettant aux distributeurs de préserver leur chiffre d’affaires. Mais avec le recul continu des ventes en volumes et le repli des prix, cette compensation n’opère plus. Les enseignes de la grande distribution s’inquiètent désormais de voir leurs revenus menacés.
Vers une décennie de déconsommation ?
Si la tendance actuelle se confirme, la décennie 2020 pourrait bien être celle de la déconsommation. Un phénomène qui touche particulièrement le secteur alimentaire mais qui pourrait s’étendre à d’autres biens de consommation. Les acteurs économiques devront s’adapter à cette nouvelle donne et repenser leurs modèles.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette érosion continue de la consommation des ménages :
- Une recherche accrue de sobriété de la part des consommateurs
- Des arbitrages en faveur de l’épargne dans un contexte économique incertain
- L’essor des circuits alternatifs (vente directe, applications anti-gaspi…)
Une tendance lourde semble s’installer, obligeant industriels et distributeurs à revoir en profondeur leurs stratégies. Le défi est de taille pour un secteur déjà fragilisé et confronté à de multiples mutations (digitalisation, livraison à domicile, responsabilité environnementale…). L’heure est à la réinvention pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation.
