Ce jeudi, une centaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne se sont rassemblés devant le Grand Palais à Paris pour manifester contre la dérégulation des marchés céréaliers. Le bâtiment accueillait la 64e Bourse de commerce européenne des grains, réunissant depuis les années 1960 les principaux opérateurs de marchés agro-alimentaires. Les manifestants ont déployé une grande banderole proclamant « Traders tremblez, les paysans reprennent leur blé » et scandé des slogans comme « Des prix rémunérateurs plutôt que des traders ».
Une action contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur
Cette manifestation intervient alors que s’ouvre en Uruguay le sommet du Mercosur, le marché commun sud-américain. Un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur pourrait y être signé, un accord fortement dénoncé par l’ensemble des organisations agricoles françaises et de nombreux pays européens. Pour les agriculteurs, cet accord menace directement leur avenir en exposant le marché européen à une concurrence déloyale.
La spéculation sur les produits agricoles pointée du doigt
Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, a vivement dénoncé « la spéculation sur les produits agricoles ». Selon elle, les traders réunis au Grand Palais « se gavent sur le dos des paysans » en spéculant sur les cours des matières premières agricoles. Cette spéculation entraîne une forte volatilité des prix qui met en péril la survie de nombreuses exploitations.
« La bouffe à pas cher, c’est la paysanne qu’on enterre »
Un agriculteur présent à la manifestation
Des tensions avec les forces de l’ordre
L’action des manifestants, qui ont notamment déposé des bottes de paille devant l’entrée du bâtiment et bloqué temporairement les issues, a entraîné l’intervention des forces de l’ordre. Après une vingtaine de minutes et l’arrivée de renforts, la police a bloqué les manifestants pendant plus d’une heure, donnant lieu à quelques bousculades. Cinq personnes ont finalement été interpellées pour « violence » et « tentative d’intrusion » selon la police, avant que le groupe puisse regagner le métro sous escorte.
Un « deux poids deux mesures » dénoncé par les agriculteurs
Les agriculteurs présents ont dénoncé un « deux poids deux mesures » de la part des autorités. Ils ont souligné que jusqu’à présent, la police n’avait procédé à aucune interpellation dans le cadre du mouvement de colère qui agite le monde agricole depuis mi-novembre. Des actions coup de poing ont notamment visé des locaux administratifs et des grandes surfaces, sans entraîner d’arrestations.
Un mouvement qui ne faiblit pas
Malgré les tensions, la mobilisation des agriculteurs ne semble pas faiblir, bien au contraire. Ils entendent continuer à se faire entendre pour défendre des prix rémunérateurs et un meilleur contrôle des marchés agricoles, face à la menace du libre-échange et de la spéculation. Une prochaine journée d’action est d’ores et déjà annoncée pour le 8 février dans toute la France.
Cette manifestation met en lumière le profond malaise qui traverse le monde agricole français. Pris en étau entre la pression des géants de l’agro-industrie et les exigences environnementales croissantes, de nombreux agriculteurs peinent à dégager des revenus décents. Ils réclament des pouvoirs publics de véritables mesures pour assurer la pérennité de leurs exploitations et d’un modèle agricole plus durable et équitable. Le gouvernement saura-t-il entendre ces revendications ? L’avenir de notre agriculture en dépend.