Qui a dit que la comédie musicale était un genre désuet au cinéma ? Alors qu’on la croyait reléguée aux oubliettes, elle s’apprête à faire un comeback fracassant sur grand écran. Des films très attendus comme Emilia Perez de Jacques Audiard ou Joker : Folie à Deux avec Lady Gaga promettent de redonner ses lettres de noblesse à ce genre singulier. Décryptage d’un retour en force qui ne manquera pas de faire des étincelles au box-office.
Le pari audacieux d’Emilia Perez
Sélectionné pour représenter la France aux Oscars, Emilia Perez bouscule avec brio les codes de la comédie musicale. Au son enivrant du reggaeton et à travers des chorégraphies survoltées, Jacques Audiard nous conte l’histoire d’un baron de la drogue mexicain qui opère une métamorphose radicale en devenant une femme. Un film subversif, récompensé par le Prix du Jury à Cannes, qui dépoussière avec audace les conventions du genre. Pari réussi.
Un casting cinq étoiles
Pour donner vie à cette œuvre singulière, Jacques Audiard s’est entouré d’un casting de haute volée. La popstar Selena Gomez côtoie l’actrice transgenre Karla Sofía Gascón et la talentueuse Zoe Saldaña. Un trio explosif qui illumine l’écran et apporte une touche glamour à ce film hors normes. La french touch à son meilleur.
On ne voulait pas aller dans les codes officiels de la comédie musicale.
– Damien Jalet, chorégraphe d’Emilia Perez
Joker 2 : le grand huit émotionnel
Événement cinématographique de l’automne, Joker : Folie à Deux promet de secouer le cocotier. Aux côtés de l’inquiétant Joaquin Phoenix, Lady Gaga prête ses traits à sa compagne Harley Quinn. Un duo magnétique qui électrise l’écran. Si le film n’est pas une comédie musicale au sens strict du terme, la musique y est omniprésente et sert de défouloir cathartique aux personnages tourmentés.
On utilise la musique pour vraiment donner aux personnages une façon d’exprimer ce qu’ils ont à dire car passer par le dialogue ne suffit pas.
– Lady Gaga
Timothée Chalamet fait son show
Autre temps fort de cette rentrée, Wonka permet à Timothée Chalamet de dévoiler ses talents de chanteur et danseur. Dans la peau du célèbre Willy Wonka, l’acteur fait le show et embarque les spectateurs dans un tourbillon visuel et musical inspiré de l’univers de Charlie et la Chocolaterie. Un délice sucré salué par la critique et le public.
Le poids des adaptations
Malgré un regain d’intérêt indéniable, la comédie musicale reste un genre à part au cinéma. Son succès demeure difficile à prévoir, comme l’a prouvé l’échec relatif du remake de West Side Story par Steven Spielberg. À l’inverse, des œuvres originales comme La La Land ou des adaptations de spectacles à succès comme Mamma Mia! ont cartonné au box-office. Un équilibre fragile.
Peu de films sont de vraies comédies musicales, avec des chansons intégrées dans la narration et des scènes dansées.
– Isabelle Wolgust, autrice du Dictionnaire de la comédie musicale
Un genre en perpétuelle réinvention
Malgré ces obstacles, la comédie musicale n’a pas dit son dernier mot. Portée par des artistes audacieux qui bousculent les codes, elle s’adapte aux goûts du public et se réinvente sans cesse. Des séries comme Glee ont démocratisé le genre et changé le regard des spectateurs. La comédie musicale a de beaux jours devant elle, pour peu qu’elle continue à se renouveler avec l’air du temps. Pari tenu pour cette rentrée pleine de promesses.