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La Colombie Frappe Fort Contre Le Clan Del Golfo Sous Petro

Un bombardement sans précédent contre le Clan del Golfo, puissant cartel de drogue, a été ordonné par le président colombien de gauche Gustavo Petro, faisant 4 morts parmi les narcos. Une première qui soulève des questions sur l'avenir des négociations de paix entamées puis rompues avec...

Pour la première fois, le président colombien de gauche Gustavo Petro a ordonné un bombardement contre le redoutable Clan del Golfo, le plus puissant cartel de drogue du pays. Cette frappe aérienne inédite, menée la semaine dernière dans le département d’Antioquia, a tué quatre membres du cartel et permis la saisie de huit fusils d’assaut selon le chef de l’État. Une opération coup de poing qui marque un tournant dans la lutte contre le narcotrafic en Colombie.

Le Clan del Golfo dans le viseur de l’armée colombienne

Héritier des anciens groupes paramilitaires d’extrême-droite qui ont sévi pendant le long conflit armé colombien, le Clan del Golfo est devenu ces dernières années le cartel le plus puissant du pays. Spécialisé dans le trafic de cocaïne, il a diversifié ses activités criminelles en contrôlant aussi des mines d’or illégales, l’immigration clandestine et la traite d’êtres humains, notamment dans sa zone d’influence du nord-ouest de la Colombie.

Face à cette pieuvre tentaculaire, le président Petro a décidé de frapper fort en ordonnant pour la première fois un bombardement ciblé contre une de ses factions dans la région montagneuse d’Antioquia. Selon le dirigeant, le Clan tentait d’y « remonter des unités armées de plus grande capacité » en nouant « des alliances politiques et économiques », un projet « sérieusement affecté » par le raid aérien de l’armée.

Un succès militaire, mais à quel prix ?

Si l’opération a permis d’éliminer quatre narcos et de saisir un important arsenal, elle s’est aussi soldée par la mort accidentelle de quatre soldats lors de leur descente en rappel d’un hélicoptère. Un lourd tribut qui rappelle les risques encourus par les forces de l’ordre dans la lutte contre ces groupes surentraînés et surarmés.

De plus, ce bombardement intervient à un moment délicat alors que le gouvernement Petro avait tenté d’ouvrir des négociations de paix avec le Clan del Golfo en vue de son éventuel désarmement. Un cessez-le-feu unilatéral avait même été décrété début 2023, avant d’être rompu trois mois plus tard faute d’avancées. Mi-novembre, une vingtaine d’ex-chefs paramilitaires avaient été nommés « médiateurs » pour tenter de renouer le dialogue, en vain jusqu’à présent.

La paix impossible avec les « Gaos » ?

Malgré la capture en octobre dernier d’Otoniel, chef emblématique du cartel, et son extradition vers les États-Unis, le Clan del Golfo alias les « Gaos » reste une organisation tentaculaire et insaisissable. Ses nouveaux dirigeants semblent peu enclins à négocier leur reddition, préférant continuer à prospérer dans l’illégalité en contrôlant le juteux marché de la cocaïne.

Face à ce constat, le président Petro est confronté à un dilemme cornélien. Lui qui a bâti son projet politique sur la paix et le dialogue avec les groupes armés doit composer avec la réalité des caïds de la drogue, prêts à tout pour défendre leur business. Sa main tendue n’ayant pas été saisie, il a dû se résoudre à l’option militaire pour tenter d’affaiblir le cartel. Mais cette stratégie du bâton sans la carotte suffira-t-elle à venir à bout des narcotrafiquants ?

La croisade d’un président de gauche contre la criminalité

En ordonnant ce bombardement, Gustavo Petro envoie un message fort : malgré ses convictions de gauche et sa volonté de paix, il n’hésitera pas à déployer la puissance de feu de l’armée contre ceux qui menacent la sécurité du pays. Une posture martiale qui tranche avec l’image du dirigeant ex-guérillero prônant la réconciliation nationale.

Mais face à un monstre tentaculaire comme le narcotrafic, qui gangrène la Colombie depuis des décennies en infiltrant jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, la force seule ne sera sans doute pas suffisante. Il faudra aussi s’attaquer aux racines du mal en offrant des alternatives économiques aux paysans qui cultivent la coca, en assainissant les institutions rongées par la corruption, et en réinventant une société plus juste et inclusive.

Un défi titanesque pour le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, qui devra naviguer entre fermeté et dialogue dans sa croisade contre le crime organisé. Son pari audacieux de tendre la main aux narcos pour les convaincre de déposer les armes a échoué, le contraignant à recourir à la force. Mais il lui faudra plus que des bombes pour venir à bout de l’hydre du trafic de drogue. C’est tout un pays qu’il va devoir reconstruire sur des bases nouvelles, pour espérer écrire enfin une page de paix après tant d’années de violence.

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