Près d’un an après un mouvement de colère inédit qui avait ébranlé les campagnes françaises, les agriculteurs s’apprêtent à descendre à nouveau dans les rues. Au cœur de leurs revendications : des revenus insuffisants et un accord de libre-échange controversé avec les pays du Mercosur. Face aux risques de blocages, le gouvernement promet la fermeté, mais saura-t-il répondre aux attentes profondes du monde agricole ?
Un ras-le-bol qui persiste malgré les aides
En janvier dernier, les agriculteurs avaient massivement exprimé leur colère, n’hésitant pas à bloquer des axes routiers dans tout le pays. Le gouvernement avait alors débloqué des aides d’urgence et multiplié les annonces pour tenter de répondre à la crise agricole. Mais pour beaucoup, ces mesures restent insuffisantes.
On ne peut plus vivre de notre travail. Les charges ne cessent d’augmenter, les prix sont tirés vers le bas… On travaille à perte !
Un agriculteur témoigne de sa détresse
Selon les syndicats agricoles, il est urgent de revoir en profondeur les politiques agricoles pour assurer des revenus décents aux paysans. Ils dénoncent notamment les marges excessives de la grande distribution et la concurrence déloyale de produits importés ne respectant pas les mêmes normes.
L’accord avec le Mercosur, la goutte d’eau qui fait déborder le vase
La perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) cristallise les tensions. Cet accord, qui prévoit l’ouverture des marchés agricoles, est vécu comme une menace par de nombreux agriculteurs français.
- Ils craignent un afflux de produits sud-américains à bas coûts qui viendrait fragiliser encore plus leurs exploitations.
- Des doutes persistent aussi sur le respect des normes sanitaires et environnementales par ces pays.
Le gouvernement assure qu’il mettra tout en œuvre pour bloquer cet accord en l’état. Mais pour beaucoup d’agriculteurs, il ne s’agit que d’une énième promesse, alors qu’ils attendent des actes forts.
Le gouvernement inflexible face aux blocages
Alors que cette nouvelle mobilisation des agriculteurs s’annonce massive, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a prévenu qu’il y aurait une « tolérance zéro » en cas de blocages durables. Des propos qui ont irrité les syndicats.
On ne peut pas mettre sur le même plan des agriculteurs au bout du rouleau et des syndicats qui prennent en otage les Français !
S’indigne un représentant syndical
Au-delà des questions d’ordre public, c’est un vrai dialogue de fond avec le monde agricole qui est attendu. Beaucoup espèrent que cette mobilisation sera l’occasion d’une prise de conscience sur la nécessité de repenser en profondeur notre modèle agricole pour lui assurer un avenir durable et équitable.
Des mesures d’urgence aux réformes de long terme, le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches pour sortir l’agriculture française de l’ornière. Mais une chose est sûre : sans un réel soutien aux agriculteurs et une volonté politique affirmée, la colère continuera de gronder dans les campagnes. Les prochaines manifestations s’annoncent déterminantes.
