« Je l’affirme haut et fort, la France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance ». Ces mots, prononcés avec émotion par Harmonie Comyn lors de l’hommage à son époux, le gendarme Éric Comyn tué par un chauffard multirécidiviste, ont résonné comme un électrochoc. Derrière la douleur d’une veuve, c’est tout un système judiciaire qui est pointé du doigt, un système qui semble parfois impuissant face aux récidivistes.
Un drame qui soulève la question de la récidive
Le mis en cause dans cette tragédie, qui a coûté la vie à un gendarme de 54 ans, était connu de la justice. Condamné à 10 reprises par le passé, principalement pour des atteintes aux personnes et des délits routiers, il était ce que l’on appelle un “multirécidiviste”. Un profil malheureusement trop courant dans les prétoires, et qui soulève inlassablement la même question : comment empêcher ces individus de récidiver ?
Face à ce drame, la classe politique semble parfois désemparée. Interrogé sur le sujet, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, a botté en touche, qualifiant la question de « difficile » :
Mettre les gens en prison n’est pas non plus une réponse satisfaisante. On a aujourd’hui beaucoup trop de monde.
– Olivier Faure, sur RTL
Une justice débordée et des prisons surpeuplées
Le constat dressé par le leader socialiste est implacable : les prisons françaises sont surpeuplées. Avec plus de 70 000 détenus pour moins de 61 000 places, le taux d’occupation moyen atteint les 117%. Dans ces conditions, difficile d’envisager la prison comme l’unique réponse à la délinquance.
Mais au-delà de la surpopulation carcérale, c’est tout le processus judiciaire qui semble à bout de souffle. Des tribunaux engorgés, des délais de jugement qui s’allongent, des peines qui ne sont pas toujours exécutées… Autant de dysfonctionnements qui nuisent à l’efficacité de la réponse pénale.
Repenser la lutte contre la récidive
Face à ce constat alarmant, nombreux sont ceux qui appellent à une refonte en profondeur de notre système judiciaire. Car si la prison ne peut être la seule réponse, elle doit rester un outil efficace pour neutraliser les délinquants les plus dangereux et favoriser leur réinsertion.
- Développer les peines alternatives pour les délits mineurs
- Renforcer les dispositifs de suivi et de réinsertion post-détention
- Donner plus de moyens à la justice et à l’administration pénitentiaire
Autant de pistes qui pourraient permettre de mieux prévenir la récidive et d’assurer une réponse pénale plus adaptée et plus efficace. Mais au-delà des mesures techniques, c’est un véritable sursaut collectif qui est nécessaire. Car comme le rappelle avec force Harmonie Comyn, c’est la responsabilité de l’État d’assurer la sécurité de ses citoyens et de ses serviteurs.
La mort tragique d’Éric Comyn ne doit pas rester vaine. Elle doit être le point de départ d’une réflexion en profondeur sur les failles de notre système judiciaire et sur les moyens de les combler. Car c’est seulement en affrontant avec courage et détermination ces défis que nous pourrons espérer bâtir une société plus sûre et plus juste pour tous.
