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La chute politique de Shigeru Ishiba, l’outsider déchu au Japon

Shigeru Ishiba, Premier ministre japonais depuis seulement un mois, voit son avenir politique sérieusement fragilisé après la perte de sa majorité parlementaire lors d'élections anticipées. Retour sur le parcours de cet outsider qui a déçu et dont la longévité est déjà remise en question...

C’est un coup de tonnerre sur la scène politique japonaise. Shigeru Ishiba, qui occupait le poste de Premier ministre depuis à peine un mois, vient de perdre sa majorité parlementaire lors d’élections législatives anticipées qu’il avait lui-même convoquées. Un échec cinglant pour cet homme de 67 ans qui avait longtemps séduit l’opinion publique par son profil atypique d’outsider au sein même de son parti, le Parti libéral-démocrate (PLD). Son avenir politique apparaît désormais bien sombre.

L’ascension d’un outsider populaire mais contesté en interne

Shigeru Ishiba avait pris en septembre dernier la tête du PLD, formation de droite conservatrice qui domine quasiment sans partage la vie politique japonaise depuis les années 1950. Il succédait ainsi au poste de Premier ministre à Fumio Kishida, devenu très impopulaire en raison de l’inflation galopante, d’un scandale financier et des liens troubles entre le PLD et l’Eglise de l’Unification, surnommée “secte Moon”, mis en lumière après l’assassinat de l’ex-dirigeant Shinzo Abe en 2022.

Contrairement à son prédécesseur, Shigeru Ishiba jouissait d’une relative popularité auprès du grand public avant son accession au pouvoir. Cet ancien ministre de la Défense et de l’Agriculture, passionné de modélisme militaire, avait su cultiver une image d’homme politique atypique et accessible. Mais en interne, sa personnalité clivante et ses critiques à l’encontre de la ligne Abe lui avaient valu de solides inimitiés. Malgré quatre tentatives, il avait échoué à prendre la présidence du PLD avant 2023.

Un début de mandat sous le signe des volte-faces

Fraîchement élu, Shigeru Ishiba avait fait le pari risqué de convoquer des législatives anticipées pour asseoir sa légitimité et obtenir “la confiance de la population” en vue de “créer un nouveau Japon”. Lors de sa campagne éclair, il avait mis l’accent sur plusieurs priorités :

  • Revitaliser les zones rurales en déclin
  • Endiguer la dénatalité par des mesures de soutien aux familles
  • Augmenter le salaire minimum de près de 43% d’ici 10 ans
  • Mettre en garde contre les menaces chinoises en Asie orientale

Mais plusieurs revirements ont parasité son message. Il est revenu sur la possibilité pour les couples mariés de ne pas porter le même nom, sur la normalisation de la politique monétaire ou encore sur la taxation des plus-values. Surtout, il a été éclaboussé par un nouveau scandale de “caisses noires” au sein de son parti, alors même qu’il avait promis d’en finir avec ces pratiques douteuses.

Un camouflet électoral qui fragilise son avenir

La sanction des urnes a été sans appel. D’après des projections, le PLD aurait perdu plus de 80 sièges et ne serait plus assuré de conserver la majorité absolue, même avec son allié le Komeito. Un coup très dur pour Shigeru Ishiba, qui voit sa position sérieusement fragilisée, seulement 26 jours après son entrée en fonction.

Pour de nombreux analystes, cet homme qui avait su surfer sur son image d’outsider critique n’a pas réussi à imprimer sa marque une fois au pouvoir. Trop de volte-faces, un style trop consensuel, pas assez de résultats concrets face à l’inflation… Les griefs ne manquent pas. Quoi qu’il décide, son avenir politique s’annonce bien incertain. Démis, il deviendrait le Premier ministre au mandat le plus court du Japon depuis 1945. Un épilogue cruel pour celui qui avait incarné, un temps, l’espoir d’un renouveau.

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