Le renversement soudain du régime de Bachar al-Assad par le groupe islamiste HTS ce week-end a plongé la Syrie dans l’incertitude. Alors que le pays panse encore ses plaies après une décennie de guerre civile dévastatrice, ce changement brutal de pouvoir fait craindre un retour du chaos et de l’instabilité.
L’UE appelle à une transition « pacifique et ordonnée »
Face à ce séisme géopolitique, l’Union Européenne a rapidement réagi. Dans un communiqué, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a appelé à une « transition pacifique et ordonnée » en Syrie, soulignant l’importance d’un « dialogue inclusif » impliquant toutes les communautés du pays.
Mme Kallas a salué la chute de ce qu’elle a qualifié de « régime criminel d’Assad », tout en mettant en garde contre « toute forme d’extrémisme ». L’UE craint en effet un scénario à la libyenne, où le renversement du pouvoir déboucherait sur le chaos et une nouvelle guerre civile, avec son cortège de drames humanitaires et de flux migratoires.
Pas de contact à ce stade avec HTS
Si l’UE salue ce bouleversement politique, elle reste pour l’instant très prudente vis-à-vis du nouveau pouvoir en place incarné par HTS et son chef Abou Mohammad al-Jolani. Ce groupe, issu d’une scission avec Al-Qaida, est toujours considéré comme une organisation terroriste et fait l’objet de sanctions de l’UE et de l’ONU.
L’Union européenne n’est pas, à ce stade, en contact avec HTS ou ses dirigeants.
Anouar El Anouni, porte-parole du service diplomatique de l’UE
Bruxelles attendra de voir si les actes de HTS seront en phase avec ses promesses d’inclusion et d’ouverture. Le groupe devra prouver sa volonté et sa capacité à protéger les minorités et à engager une véritable transition démocratique, pour espérer une normalisation de ses relations avec la communauté internationale.
Le rêve du retour pour les réfugiés syriens
Au-delà des enjeux de stabilité régionale, ce sont les Syriens eux-mêmes qui sont au cœur des préoccupations européennes. Après des années d’exil, beaucoup rêvent de pouvoir enfin rentrer dans leur pays et participer à sa reconstruction.
Nous sommes convaincus que la plupart des Syriens dans la diaspora rêvent de rentrer dans leur pays, la situation est donc celle d’un grand espoir, mais aussi d’une grande incertitude.
Anouar El Anouni
La route sera longue et semée d’embûches avant que la Syrie ne retrouve la paix et la stabilité. Mais la chute de Bachar al-Assad ouvre indéniablement un nouveau chapitre pour ce pays martyrisé. A HTS de prouver maintenant qu’il peut incarner un avenir meilleur et rassembleur pour tous les Syriens. L’UE se tient prête à accompagner ce processus, mais ne fera pas de chèque en blanc aux nouveaux maîtres de Damas.