La 29ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) qui s’est achevée à Bakou n’a pas permis de régler l’épineuse question de l’aide financière des pays riches envers les pays en développement. Au cœur des blocages : la position inflexible de la Chine, deuxième puissance économique mondiale mais qui refuse obstinément toute nouvelle obligation financière.
La Chine campe sur ses positions de pays en développement
Malgré une pression internationale croissante, la délégation chinoise à la COP29 a maintenu sa ligne traditionnelle. Pékin se considère toujours comme un pays en développement et leader du « groupe des 77 », la grande coalition des nations émergentes et en développement dans les négociations climatiques.
Ce statut permet à la Chine d’échapper aux obligations de financement qui pèsent sur les pays développés. La convention cadre des Nations unies sur le changement climatique de 1992 stipule en effet que seuls ces derniers doivent fournir des ressources financières aux pays en développement.
Un refus qui irrite les pays riches
Cette position chinoise suscite l’incompréhension et l’agacement des pays industrialisés. Beaucoup estiment que la Chine, en tant que premier émetteur mondial de gaz à effet de serre et deuxième économie de la planète, devrait contribuer au financement climatique des pays pauvres au même titre que les autres puissances.
Il est temps que la Chine assume ses responsabilités en ligne avec son poids économique et son impact sur le climat mondial.
Un négociateur européen sous couvert d’anonymat
Mais Pékin refuse catégoriquement d’endosser de nouvelles obligations financières, arguant que la responsabilité historique du réchauffement incombe aux pays développés. La Chine souligne également qu’elle fait déjà des efforts conséquents en faveur des énergies propres et qu’elle apporte une assistance climatique via la coopération Sud-Sud.
300 milliards par an, une aide jugée très insuffisante
Au final, la COP29 n’a pu que reconduire l’engagement pris par les pays riches en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement, un objectif jamais atteint. Un nouveau but collectif a été fixé à 300 milliards annuels d’ici 2030.
Mais ce montant est jugé très insuffisant par les pays du Sud. Selon leurs estimations, il faudrait entre 500 et 1000 milliards par an pour financer leur transition bas carbone et leur adaptation aux impacts déjà inévitables du réchauffement.
La Chine s’en tient au principe des « responsabilités communes mais différenciées »
Malgré la pression des pays riches pour qu’elle contribue davantage, la Chine campe sur sa position. Elle s’en tient au principe des « responsabilités communes mais différenciées » entre pays développés et en développement, inscrit dans la Convention climat de l’ONU.
Demander à la Chine de fournir un soutien obligatoire aux pays en développement au même titre que les pays développés est injuste et irréaliste. Nous avons nos propres défis de développement à relever.
Un membre de la délégation chinoise s’exprimant sous couvert d’anonymat
Pékin rappelle aussi régulièrement ses efforts domestiques dans les énergies propres, avec des investissements records dans le solaire et l’éolien. Et fait valoir son aide climatique croissante aux pays en développement via des accords bilatéraux ou sa « Ceinture et route vertes ».
Un blocage qui perdure sur le financement climatique
La COP29 a donc acté une nouvelle fois le profond clivage Nord-Sud sur le financement climatique, avec le refus de la Chine d’assumer de nouvelles obligations malgré sa puissance économique.
Un blocage qui ajoute aux nombreux points d’achoppement entre pays riches et en développement, alors que les impacts du réchauffement s’accélèrent, durement ressentis par les plus vulnérables qui réclament plus de solidarité et de justice climatique.
Sans une hausse substantielle de l’aide des pays riches, et une contribution des grands émergents, beaucoup de pays en développement n’auront pas les moyens d’une transition bas carbone ni de s’adapter aux catastrophes climatiques.
Prévient un expert climat qui préfère garder l’anonymat
Selon plusieurs observateurs, le jeu de la Chine qui se drape dans son statut de pays en développement pour échapper aux efforts financiers est de plus en plus intenable. Pékin devra revoir sa position, sous peine de perdre sa crédibilité climatique et d’aggraver la fracture avec les pays du Sud.