Les aciéries européennes sont au bord de l’asphyxie. La cause : un raz-de-marée d’acier chinois à bas coût qui déferle sur le Vieux Continent depuis plusieurs années, exerçant une pression insoutenable sur les producteurs locaux. Un déséquilibre majeur qui fait peser une lourde menace sur l’avenir de toute la filière sidérurgique européenne.
La Chine, maître incontesté de l’acier mondial
L’Empire du Milieu règne sans partage sur le marché planétaire de l’acier. En 2022, 55% de la production mondiale, soit 1,7 milliard de tonnes, provenait des usines chinoises selon l’Association européenne de l’acier (Eurofer). Face à ce mastodonte, l’Europe et ses 150 millions de tonnes annuelles paraissent bien chétives.
Mais le problème ne réside pas tant dans le volume que dans les immenses surcapacités chinoises. Eurofer tire la sonnette d’alarme : la capacité de production excédentaire mondiale dépasse les 600 millions de tonnes, dont une grande partie made in China. Résultat, les industriels chinois bradent leur acier sur les marchés étrangers, à des prix défiant toute concurrence.
L’Europe tente de riposter
Face à cette déferlante, l’UE essaie tant bien que mal de protéger son industrie. Depuis une dizaine d’années, diverses mesures ont été mises en place pour freiner cet afflux d’acier bradé :
- Droits de douane
- Quotas d’importation
- Taxes antidumping
- Renforcement des contrôles
Mais malgré ces garde-fous, la pression continue de s’accentuer. Comme le déplore le patron d’Eurofer, Axel Eggert : « Les usines chinoises inondent le marché européen depuis au moins quatre ans avec leurs surcapacités de production d’acier à des prix cassés ». Et de prévenir : cette situation exerce « une immense pression sur les producteurs européens ».
Des aciéries européennes en danger
Les sidérurgistes du Vieux Continent tirent la langue. Confrontés à cette concurrence jugée déloyale, beaucoup peinent à maintenir leurs activités. Plusieurs grands sites ont déjà dû réduire la voilure, quand d’autres ont carrément mis la clé sous la porte.
Si rien n’est fait, c’est toute la filière acier européenne qui pourrait y passer. Avec à la clé, des répercussions économiques et sociales dramatiques :
- Des milliers d’emplois directs et indirects menacés
- Des régions entières sinistrées, très dépendantes de cette industrie
- Un lourd tribut pour la balance commerciale de l’UE
- Un risque accru de pénurie d’acier en cas de crise
Autant de scénarios noirs qui pourraient devenir réalité si le rouleau-compresseur chinois n’est pas stoppé. Il y a urgence à agir pour sauver ce fleuron industriel européen, stratégique à plus d’un titre. Mais face à un géant comme la Chine, la partie s’annonce plus que jamais compliquée.