L’Empire du Milieu n’a jamais semblé aussi incertain et angoissant pour les investisseurs étrangers. Alors que la Chine était devenue ces dernières décennies l’eldorado des multinationales occidentales, le vent semble avoir tourné. Le durcissement politique du régime de Xi Jinping et une série d’arrestations mystérieuses de hauts cadres inquiètent les milieux d’affaires. Le géant asiatique jouerait-il un jeu dangereux ?
AstraZeneca et Volkswagen dans la tourmente
Fin 2024, l’arrestation abrupte de Leon Wang, le représentant en Chine du géant pharmaceutique britannique AstraZeneca, a envoyé une onde de choc. Placé en « congé prolongé » depuis octobre, ce haut responsable a littéralement « disparu » dans les méandres du système judiciaire chinois. Malgré l’importance stratégique du marché chinois, qui pèse pour 6 milliards de dollars dans son chiffre d’affaires, la multinationale se heurte au silence assourdissant des autorités. Selon une source proche du dossier, le groupe n’aurait que très peu d’informations sur les motifs de cette détention.
Un autre mastodonte industriel, l’allemand Volkswagen, traverse des turbulences similaires. D’après nos informations, plusieurs de ses cadres en Chine auraient également été interpellés récemment. Dans un climat de plus en plus opaque, le constructeur reste mutique sur ces événements, un signe de la fébrilité ambiante.
Un « très noir » pour les sièges des multinationales
Dans les états-majors des grandes entreprises, c’est la consternation. « Désormais, aux yeux des sièges, la Chine, c’est très noir », confie un expert des relations commerciales sino-européennes. Jusqu’ici considéré comme un partenaire difficile mais incontournable, le pays semble devenir un terrain miné pour les affaires.
Qui voudra encore aller en Chine pour risquer de se faire embastiller ?
Un observateur des milieux économiques
Cette atmosphère anxiogène pousse de nombreuses entreprises à revoir leurs plans. Certaines envisagent de relocaliser une partie de leur production vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est, un mouvement de fond qui prendra du temps mais semble inéluctable. La diversification de la chaîne d’approvisionnement devient un impératif stratégique.
Xi Jinping, l’homme fort qui inquiète
En toile de fond, l’emprise croissante du président Xi Jinping sur le pays. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le dirigeant a considérablement renforcé son contrôle sur la société et l’économie. Sa rhétorique nationaliste et sa volonté affichée de bousculer l’ordre mondial inquiètent les chancelleries occidentales. La Chine semble déterminée à réécrire les règles du jeu à son avantage.
Ce tournant politique se traduit par un climat de méfiance envers les entreprises étrangères. Selon des sources diplomatiques, les autorités chinoises multiplieraient les pressions, allant de tracasseries administratives à des mesures plus radicales comme les récentes arrestations. L’objectif : rappeler aux multinationales qui est le patron et les inciter à aligner leurs intérêts sur ceux de Pékin.
Vers une nouvelle guerre froide économique ?
Au-delà des enjeux business, c’est une nouvelle ligne de front géopolitique qui se dessine. Les tensions sino-américaines, exacerbées sous la présidence Trump, pourraient se muer en une véritable guerre froide économique. Washington voit d’un très mauvais œil la montée en puissance de son rival chinois et entend bien enrayer sa marche vers le leadership mondial.
L’Europe, prise en étau entre son allié américain et son partenaire commercial chinois, devra jouer finement pour ne pas se retrouver prise au piège de ce bras de fer. Mais la pression monte. Comme le résume un haut fonctionnaire européen : « Nous allons devoir choisir notre camp, et vite. Les années à venir s’annoncent compliquées pour nos entreprises en Chine. »
Une chose est sûre : l’âge d’or des investissements occidentaux dans l’Empire du Milieu semble toucher à sa fin. Place à une nouvelle ère, faite d’incertitudes et de défis. Les multinationales vont devoir s’adapter à ce nouveau paradigme, jonglant entre impératifs économiques et pressions politiques. Un sacré numéro d’équilibriste en perspective.