Face au ralentissement de sa croissance économique, la Chine prend des mesures pour tenter de relancer la machine. Ce lundi, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse de deux de ses taux directeurs, dans l’espoir de stimuler les crédits et de soutenir l’activité. Une décision attendue par certains économistes, mais qui soulève des questions quant à son efficacité face aux multiples défis auxquels est confrontée la deuxième économie mondiale.
Des taux réduits pour encourager les prêts
La banque centrale chinoise a donc abaissé deux taux d’intérêt clés :
- Le taux préférentiel de prêt à un an (LPR), référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, passe de 3,55% à 3,45%. Il avait déjà été réduit en juin.
- Le LPR à 5 ans, référence pour les prêts immobiliers, est abaissé de 4,20% à 4,10%. C’est sa première baisse depuis avril 2020.
L’objectif est clair : inciter les banques à prêter davantage et à des conditions plus favorables, pour stimuler l’investissement et la consommation. Des leviers essentiels pour soutenir la croissance.
Une croissance qui s’essouffle
Car la croissance chinoise montre de sérieux signes de faiblesse. Au deuxième trimestre, elle n’a progressé que de 0,8% par rapport au premier trimestre. Sur un an, la hausse du PIB a atteint 6,3%, mais ce chiffre est trompeur car gonflé par la faible base de comparaison due à la crise du Covid-19 l’an dernier. Plusieurs indicateurs sont dans le rouge :
- La production industrielle a progressé en juin de seulement 3,9% sur un an, un rythme bien inférieur aux attentes.
- Les ventes au détail, baromètre crucial de la consommation, n’ont augmenté que de 3,1% le mois dernier, loin de l’objectif officiel de 5,5% cette année.
- L’investissement en capital fixe a lui aussi déçu, avec une hausse de 5,8% sur un an au premier semestre, en dessous des prévisions des analystes.
Des défis multiples
Cette panne de croissance s’explique par une conjonction de facteurs. La stratégie zéro-Covid de la Chine, avec ses confinements à répétition, a lourdement pénalisé l’activité. Le pays souffre aussi d’une crise dans l’immobilier, secteur qui pèse plus du quart de son PIB, avec des promoteurs géants comme Evergrande croulant sous les dettes.
Plus globalement, le modèle de croissance chinois, basé sur les exportations et l’investissement, montre ses limites. Le pouvoir d’achat des ménages reste faible, et le pays peine à développer une consommation intérieure robuste. Sans compter les tensions géopolitiques avec les États-Unis, qui menacent les chaînes d’approvisionnement et les débouchés des entreprises chinoises.
Des mesures suffisantes ?
Face à ces défis, la baisse des taux va-t-elle suffire à relancer durablement la machine économique chinoise ? Certains experts en doutent. Pour eux, la politique monétaire n’est pas le levier le plus efficace dans le contexte actuel.
La clé se trouve plutôt du côté de la politique budgétaire et des réformes structurelles. Il faut que le gouvernement augmente ses dépenses et ses investissements, et qu’il s’attaque aux problèmes de fond de l’économie chinoise.
analyse Alicia Garcia Herrero, économiste en chef pour l’Asie-Pacifique chez Natixis
Pékin semble en avoir conscience. Mi-juillet, le bureau politique du Parti communiste chinois a promis de “renforcer le soutien macroéconomique” au second semestre. Reste à voir si ces bonnes intentions se traduiront par des actes à la hauteur des enjeux. Car pour l’heure, la Chine semble encore loin d’avoir retrouvé le chemin d’une croissance solide et durable.