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La Chine à la rescousse de son marché immobilier en crise

Coup de pouce pour l'immobilier en Chine : le gouvernement sort l'artillerie lourde avec un plan de relance XXL. Au menu : des milliards de yuans de crédits supplémentaires et la rénovation d'un million de logements dégradés. Pékin réussira-t-il son pari pour redresser ce pilier de l'économie ? Réponse dans notre analyse.

Face à un marché immobilier en berne qui menace la stabilité économique du pays, la Chine sort les grands moyens. Le gouvernement vient en effet de dévoiler un vaste plan de relance, avec à la clé des centaines de milliards de yuans de crédits supplémentaires et un ambitieux programme de rénovation de logements vétustes. Décryptage d’une annonce qui pourrait bien changer la donne.

La crise immobilière chinoise, un géant aux pieds d’argile

Depuis plusieurs mois, le secteur immobilier chinois traverse une crise sans précédent. Promoteurs surendettés, chute des ventes de logements neufs, projets à l’arrêt… Les indicateurs virent au rouge les uns après les autres. Un coup dur pour ce pilier de l’économie chinoise, qui représentait encore récemment plus d’un quart du PIB national.

À l’origine de cette descente aux enfers, un cocktail explosif mêlant un durcissement réglementaire sur l’accès au crédit pour les promoteurs et un essoufflement de la demande après des années de surchauffe. Résultat : des géants du secteur comme Evergrande se retrouvent au bord du gouffre, croulant sous des montagnes de dettes.

Pékin sort l’artillerie lourde

Alors que la crise s’enracine, le pouvoir central chinois a fini par réagir. En début de semaine, le ministre du Logement Ni Hong a annoncé lors d’une conférence de presse un plan de relance d’envergure, articulé autour de deux grands axes.

Premier volet : un assouplissement des conditions de crédit pour les promoteurs, via la généralisation d’un mécanisme de “liste blanche”, qui permet un accès privilégié à des prêts bancaires. Objectif affiché, augmenter le volume de ces crédits “blancs” à 4.000 milliards de yuans (517 milliards d’euros) d’ici fin 2024. De quoi redonner de l’oxygène à un secteur asphyxié.

Un million de logements à rénover

Autre mesure phare de ce plan : un gigantesque programme de rénovation de logements insalubres dans les “villages urbains” surpeuplés, en périphérie des grandes villes chinoises. Selon le ministre, un million d’appartements et de maisons dégradés devraient ainsi bénéficier d’une remise en état financée en partie par des prêts à taux préférentiels.

Les villages urbains présentent de nombreux risques pour la sécurité et des conditions de vie médiocres. Les gens sont désireux de faire des rénovations.

– Ni Hong, ministre chinois du Logement

Au-delà de l’aspect social, ce volet du plan de relance vise aussi à redynamiser un secteur de la construction sinistré. En stimulant la demande de matériaux et de main d’œuvre, Pékin espère ainsi soutenir l’activité et l’emploi.

Des aides ciblées pour les ménages

Pour compléter ce dispositif, le gouvernement a également annoncé son intention de baisser les taux d’intérêt des prêts hypothécaires contractés pour l’achat d’une résidence principale. Une mesure qui touchera, selon le gouverneur adjoint de la banque centrale, “environ 50 millions de familles et 150 millions de personnes”. De quoi alléger quelque peu l’ardoise des ménages endettés et potentiellement relancer les ventes.

Pékin espère ainsi voir ces mesures de soutien “porter leurs fruits” d’ici six mois à un an. Un optimisme partagé, avec quelques nuances, par les analystes économiques. D’après une source proche, “il faudra sans doute plus de temps pour assainir en profondeur un secteur rendu malade par des années d’excès.” Mais ce plan a au moins le mérite d’envoyer un signal clair sur la volonté des autorités d’éviter le pire.

Changement de cap

Plus largement, ces annonces marquent aussi un infléchissement majeur de la doctrine officielle en matière d’immobilier. Après des années d’interventionnisme et de contrôles draconiens, l’heure semble désormais à un pragmatique laisser-faire. Une philosophie résumée par le ministre Ni Hong lui-même, et qui tranche avec les déclarations tonitruantes du passé sur la nécessité de “dégonfler la bulle” à tout prix :

L’immobilier est avant tout un marché. Il faut respecter ses règles, et laisser l’offre et la demande interagir librement.

– Ni Hong, ministre chinois du Logement

Reste à voir maintenant si ces mesures suffiront à redresser un géant de l’économie chinoise qui, entre corruption, spéculation et surendettement, s’est bâti sur des bases fragiles. Une chose est sûre : le gouvernement, échaudé par l’ampleur de la crise, semble déterminé à ne pas laisser s’effondrer ce château de cartes. Quitte à abandonner en chemin certains de ses dogmes.

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