Le très médiatisé procès des viols de Mazan s’est conclu hier avec l’annonce des peines pour les 51 co-accusés. Si la plupart des avocats de la défense semblent résignés face à un verdict moins sévère que redouté, l’une d’entre eux, Me Nadia El Bouroumi, a exprimé sa profonde déception dans une série de vidéos polémiques sur Instagram.
Une avocate très active sur les réseaux sociaux
Suivie par près de 54 000 personnes sur Instagram, Me El Bouroumi s’était déjà fait remarquer pendant le procès par sa façon de « couvrir » les audiences à la manière d’une télé-réalité. Ses commentaires, jugés déplacés par beaucoup, lui avaient d’ailleurs valu une plainte pour harcèlement. Mais cela ne l’a pas empêchée de commenter abondamment le verdict hier.
Des stories Instagram teintées d’émotion et d’incompréhension
Dès l’annonce des peines, l’avocate a enchaîné les stories sur Instagram. « Impossible de commenter ! Juste la tristesse », écrit-elle d’abord sobrement. Mais quelques heures plus tard, elle se lâche dans une série de vidéos face caméra.
« Je ne comprends pas l’émeute devant le palais de justice », lance-t-elle, faisant référence aux cris de joie qui ont accueilli le verdict. Évoquant ses clients en pleurs, elle s’insurge : « Comment on peut imaginer que ces hommes sont des violeurs quoi? »
Quand tu comprends ce dossier, quand tu comprends les circonstances, tu ne peux pas accepter une telle décision, ce n’est pas possible.
Me Nadia El Bouroumi
Une charge virulente contre la justice et l’opinion publique
Visiblement très affectée, Me El Bouroumi ne mâche pas ses mots. « Ce monde me dégoûte », lâche-t-elle, se disant « déçue de la nature humaine ». Elle dénonce une justice influencée par la pression médiatique et la « vox populi ».
Ses propos ont rapidement suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Beaucoup s’indignent de son manque d’empathie envers les victimes et de sa remise en cause du verdict. D’autres dénoncent une attitude irresponsable et contraire à l’éthique d’un avocat.
Le procès de Mazan, un séisme judiciaire et sociétal
Au-delà de la polémique suscitée par Me El Bouroumi, le procès de Mazan restera comme un moment marquant de l’histoire judiciaire française. Par son ampleur, sa médiatisation et les questions sociétales qu’il a soulevées, il a profondément ébranlé l’opinion.
Le courage de la plaignante Gisèle Pelicot, qui a accepté de rendre son procès public, a été salué unanimement. Ses révélations glaçantes ont mis en lumière l’ampleur des violences sexuelles et le silence qui les entoure trop souvent.
En cour criminelle ou en cour d’assises, il n’y a jamais de gagnant, ce sont des drames humains.
Me Nadia El Bouroumi
Si la plupart des acteurs du procès semblent mesurer la portée historique de cette affaire, les déclarations de Me El Bouroumi détonnent. Elles illustrent la difficulté pour certains avocats de concilier la défense de leurs clients avec le respect dû aux victimes et à l’institution judiciaire.
Quelle suite pour l’affaire de Mazan ?
Si les peines prononcées sont globalement moins lourdes que les réquisitions du parquet, elles restent significatives. La plupart des condamnés devraient donc renoncer à faire appel, d’autant que la durée de ce premier procès a déjà été éprouvante pour tous.
Il est probable que le parquet, satisfait d’avoir obtenu des condamnations dans une affaire aussi complexe, ne fasse pas non plus appel. Le verdict de Mazan devrait donc rester celui de l’histoire.
Reste à savoir quelles seront les conséquences de ce procès hors normes. Au-delà des questions juridiques qu’il a tranchées, il laissera des traces durables dans la société française. Il pourrait accélérer la libération de la parole des victimes et faire évoluer le regard sur les violences sexuelles.
Quant à Me El Bouroumi, ses provocations médiatiques pourraient lui valoir des poursuites disciplinaires de la part de son barreau. Son attitude interroge en tout cas sur les dérives de la communication des avocats à l’ère des réseaux sociaux. Un débat qui ne fait sans doute que commencer.
