Une lueur d’espoir brille à nouveau sur les champs diamantifères centrafricains. Après des années de privation, le pays va pouvoir reprendre ses exportations de pierres précieuses suite à la levée totale, ce vendredi, de l’embargo qui le frappait depuis 2013. Une décision saluée par les autorités et la population, pour qui les revenus du diamant sont vitaux.
La fin d’une sanction douloureuse
C’est à Dubaï, lors de la session plénière du Processus de Kimberley, l’organisme international de régulation du commerce du diamant, que le verdict est tombé. La Centrafrique est autorisée à reprendre sans restriction ses exportations de diamants, a annoncé le ministère centrafricain des Mines et de la Géologie. Une victoire pour Bangui, qui plaidait depuis des mois pour la levée de cet embargo, arguant d’une amélioration de la situation sécuritaire et de sa conformité aux normes internationales visant à exclure les “diamants de sang” issus des zones de conflits.
L’interdiction, prononcée en 2013 après le renversement du président François Bozizé par la rébellion Séléka, avait été partiellement levée en 2015 et 2018. Mais les deux tiers des zones diamantifères restaient sous sanction, privant le pays d’une manne cruciale. La Centrafrique figure parmi les nations les plus pauvres au monde, et les revenus du diamant sont essentiels pour de nombreuses familles.
Un “soulagement” pour la population
Paul-Crescent Béninga, membre de la Coalition de la Société Civile pour le Processus de Kimberley en Centrafrique, présent à Dubaï, a qualifié cette décision de “soulagement pour les populations dont les principaux revenus dépendent des activités du secteur du diamant”. Avant la crise de 2013, le pays exportait officiellement plus de 300 000 carats par an, pour près de 45 millions d’euros de revenus. En 2023, ce chiffre était tombé à moins de 500 000 euros.
Des ressources précieuses convoitées
Les riches gisements de diamants alluvionnaires constituent, avec l’or, l’une des ressources les plus précieuses de ce pays d’Afrique centrale. Des permis d’exploitation ont été attribués à des sociétés chinoises, américaines, rwandaises et russes, certaines liées au groupe Wagner qui soutient le régime centrafricain. Une manne qui attise les convoitises et nourrit les conflits.
Une sécurité encore “volatile”
Car malgré les efforts pour restaurer l’autorité de l’État, la situation sécuritaire demeure précaire. Selon le dernier rapport de la force onusienne déployée dans le pays, la Minusca, on observe encore des “affrontements armés récurrents liés à l’accès aux sites miniers et au contrôle des principaux axes routiers”. La route vers une paix durable et une relance économique profitant à tous les Centrafricains reste semée d’embûches.
Dubaï, carrefour du diamant
Cette décision a été prise sous la présidence des Émirats arabes unis, qui ont accueilli la session plénière du Processus de Kimberley. Dubaï est devenu un acteur majeur du négoce de diamants, le Dubai Diamond Exchange étant “la plus grande plateforme d’échange de diamants au monde, abritant plus de 1 300 sociétés diamantaires”, selon les autorités émiraties. Un symbole du poids croissant des puissances du Golfe dans ce secteur stratégique.
La levée de l’embargo ouvre de nouvelles perspectives pour la Centrafrique. Reste à bâtir une filière responsable, transparente et équitable, qui profite au développement du pays et non aux seigneurs de guerre. Un défi de taille pour ce pays meurtri, mais déterminé à tourner la page des diamants de sang.