Le feuilleton de l’élection présidentielle roumaine connaît un nouveau rebondissement. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient de rejeter la requête de Calin Georgescu, le candidat d’extrême droite qui contestait l’annulation du scrutin. Retour sur cette saga politique explosive qui secoue la Roumanie.
Un scrutin annulé dans la controverse
Coup de tonnerre le 6 décembre dernier, quand la Cour constitutionnelle roumaine annule le second tour de la présidentielle, prévu deux jours plus tard. En cause : une campagne de soutien illicite dont aurait bénéficié Calin Georgescu sur TikTok, le réseau social prisé des jeunes.
Le candidat nationaliste, arrivé en tête à la surprise générale au premier tour, crie au scandale. Il dénonce un « coup d’État » et saisit aussitôt la CEDH au nom du droit à des élections libres. Ses partisans, eux, descendent massivement dans la rue début janvier pour protester contre ce qu’ils estiment être un « vote volé ».
La CEDH rejette la demande de Georgescu
Las, les juges de Strasbourg viennent de doucher les espoirs du candidat d’extrême droite. À l’unanimité, ils ont rejeté sa demande de suspension de l’annulation du scrutin « jusqu’à ce que la Cour ait statué sur la requête dont il l’avait saisie ». Georgescu voulait ainsi « prévenir une atteinte irréparable à ses droits démocratiques et à ceux des citoyens roumains ».
La Cour ne prononce des mesures provisoires qu’en présence d’un risque imminent d’atteinte irréparable à l’un des droits protégés par la Convention.
La CEDH
Mais pour la CEDH, la demande ne relève tout simplement pas du champ d’application de l’article invoqué par Georgescu. De telles mesures d’urgence « ne peuvent d’ailleurs être adoptées que dans des circonstances exceptionnelles », rappelle-t-elle. Cet arrêt ne préjuge cependant pas des décisions ultérieures sur la recevabilité ou sur le fond de l’affaire.
De graves accusations sur le rôle de TikTok
L’annulation du scrutin a en tout cas créé un choc en Roumanie. Le pouvoir a déclassifié des documents des services de renseignements étayant de lourdes accusations sur le rôle de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur.
D’après une source proche du dossier, un candidat aurait « illégalement bénéficié d’une promotion passive » sur le réseau tout en déclarant « zéro euro de dépenses ». Sa campagne aurait en outre été soutenue par un État étranger, des « choses graves » selon le président sortant pro-européen Klaus Iohannis.
Calin Georgescu, un candidat controversé
Très critique envers l’UE et l’Otan, Calin Georgescu s’est déclaré en faveur d’un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine voisine. Des positions qui font écho à celles de Moscou et suscitent de vives inquiétudes quant à de possibles ingérences russes dans le scrutin roumain.
Face à la crise, le gouvernement a d’ores et déjà fixé de nouvelles dates pour la présidentielle : premier tour le 4 mai, second tour le 18 mai si nécessaire. Reste à savoir si ce report suffira à apaiser les esprits et à garantir la tenue d’un scrutin incontestable cette fois. L’avenir politique de la Roumanie en dépend.