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La Bulgarie se dote d’un fragile gouvernement de coalition après des années d’instabilité

Après 7 élections législatives et des mois de négociations, la Bulgarie a un nouveau gouvernement de coalition. Mais ce fragile attelage hétéroclite, né d'un difficile compromis, réussira-t-il à sortir le pays de plus de 3 ans d'instabilité politique chronique ?

Après avoir traversé une période d’instabilité politique sans précédent, la Bulgarie entrevoit-elle enfin le bout du tunnel ? C’est ce qu’espère le Parlement bulgare qui vient d’approuver ce jeudi un gouvernement né d’un compromis difficile entre les conservateurs, plusieurs formations et la minorité turque. Un exécutif hétéroclite censé apporter un peu de stabilité à ce pays des Balkans, membre de l’Union européenne, plongé dans une grave crise politique depuis plus de trois ans.

Cette nouvelle coalition dispose d’une majorité de 126 sièges sur les 240 que compte le Parlement. Elle rassemble le parti conservateur Gerb, les socialistes, un mouvement anti-système, avec le soutien d’un parti représentant la minorité turque. Un attelage surprenant reflétant la fragmentation actuelle de l’échiquier politique bulgare.

Cap sur la zone euro et les financements européens

À la tête de ce nouveau gouvernement, Rossen Jeliazkov, un proche de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov qui a dirigé le pays pendant près d’une décennie. Parmi les priorités affichées par le nouvel exécutif : la recherche d’un budget équilibré mais surtout l’aboutissement des efforts pour rejoindre la zone euro, comme l’a souligné le nouveau chef du gouvernement. L’objectif est aussi de débloquer les fonds européens gelés en raison de l’instabilité chronique.

Selon les analystes politiques, les chances que cette coalition gouverne jusqu’au bout du mandat de 4 ans sont minces. Mais l’essentiel est ailleurs pour l’instant : mettre fin à la spirale infernale des scrutins qui paralyse le pays. « C’est mieux que de passer d’une élection à l’autre », résume un politologue dans les colonnes du journal bulgare Dnevnik, « même si ce sera un gouvernement compliqué ».

Après 7 élections en 3 ans, les Bulgares attendent de la stabilité

Le pays a en effet vécu au rythme des élections législatives ces trois dernières années, pas moins de sept scrutins depuis 2021. Une instabilité chronique liée à l’incapacité des partis à s’entendre pour former des coalitions gouvernementales viables, sur fond de fragmentation du paysage politique. La Bulgarie a ainsi connu la crise politique la plus grave depuis la chute du communisme.

Un récent sondage indique que plus des trois quarts des Bulgares se disaient prêts à accepter n’importe quel compromis, aussi bancal soit-il, pourvu qu’un gouvernement soit enfin formé. Un ras-le-bol compréhensible alors que le pays, le plus pauvre de l’Union européenne, a grandement besoin de réformes et de stabilité pour relancer son économie en berne et profiter de son intégration dans l’espace Schengen début 2023.

Le pari risqué d’un gouvernement hétéroclite

Mais la tâche s’annonce ardue pour ce gouvernement issu d’un mariage de raison entre formations aux orientations disparates. « Le nouveau Premier ministre va devoir habilement manœuvrer pour gérer ce cabinet de survie, bon an mal an », analyse un politologue dans les colonnes de Dnevnik. Il ajoute néanmoins qu’il n’y avait « pas d’autre choix que de former cet attelage hétéroclite ».

Outre l’adhésion à la zone euro, les autres priorités affichées par le nouvel exécutif sont la modernisation de l’armée et l’amélioration des procédures judiciaires dans ce pays régulièrement épinglé pour la corruption qui y règne. Des chantiers titanesques qui nécessiteront un minimum de stabilité et de consensus politique. Deux denrées rares en Bulgarie ces dernières années.

Les Bulgares retiennent leur souffle

La prudence reste donc de mise face à cette énième tentative pour sortir la Bulgarie de l’ornière. « Le scénario le plus optimiste voudrait que la coalition tienne un an, le temps pour la Bulgarie de rentrer dans la zone euro, obtenir les fonds européens et adopter le budget 2025″, détaille un expert cité par l’AFP.

Les Bulgares, eux, retiennent leur souffle, espérant que cette nouvelle équipe gouvernementale hétéroclite parviendra, contre vents et marées, à apporter un peu de stabilité et de normalité à la vie politique nationale. Une normalité qui fait cruellement défaut au pays depuis de trop longues années.

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