Alors que les principales places boursières mondiales peinent à trouver leur direction, la Bourse de Tokyo fait figure d’exception. L’indice Nikkei 225 a bondi de plus de 2% ce jeudi, porté par l’affaiblissement continu du yen face aux principales devises.
Le yen au plus bas, les exportateurs japonais aux anges
La devise nippone évolue actuellement à son niveau le plus faible depuis près de deux mois face au dollar américain. Un yen affaibli est une excellente nouvelle pour les nombreuses entreprises exportatrices japonaises, dont les prestigieux conglomérats industriels et les géants de l’automobile.
En effet, lorsqu’elles rapatrient leurs revenus en devises étrangères, ceux-ci se trouvent mécaniquement gonflés une fois convertis en yen. Les investisseurs anticipent donc une forte hausse des bénéfices pour ces sociétés sur le trimestre en cours, ce qui pousse leurs valorisations boursières à la hausse.
La Banque du Japon campe sur sa politique monétaire ultra-accommodante
Mais comment expliquer cette baisse du yen dans un contexte international de remontée des taux d’intérêt ? Il faut se tourner vers la politique monétaire très souple de la Banque du Japon. Contrairement aux autres grandes banques centrales, l’institution gardienne de la monnaie nippone maintient ses taux à un niveau proche de zéro.
Le Japon n’est pas dans un environnement propice à de nouvelles hausses de taux.
– Shigeru Ishiba, Premier ministre japonais
Cet écart grandissant entre les taux japonais et ceux du reste du monde pousse les investisseurs à se détourner du yen pour chercher de meilleurs rendements ailleurs, accentuant mécaniquement sa dépréciation.
Le Nikkei 225 au plus haut depuis 33 ans
Sous l’effet conjugué de la faiblesse du yen et d’une économie domestique qui montre des signes de reprise, l’indice phare de la Bourse de Tokyo évolue à des niveaux plus vus depuis 1990. Il a déjà gagné près de 28% depuis le début de l’année.
De quoi entretenir l’optimisme des investisseurs nippons, mais aussi attirer les capitaux étrangers en quête de rendement et de diversification. Selon les derniers chiffres officiels, les investisseurs étrangers ont acheté pour plus de 1.200 milliards de yens d’actions japonaises sur le seul mois d’août.
Les risques d’un yen trop faible
Toutefois, certains observateurs mettent en garde contre les risques d’un affaiblissement excessif du yen, notamment en termes de pouvoir d’achat pour les ménages japonais. Le Japon étant un pays pauvre en ressources naturelles, il est très dépendant des importations pour son approvisionnement énergétique et alimentaire.
Un yen trop faible, c’est aussi une facture plus lourde pour les importations de pétrole et de gaz.
– Yoko Iwasaki, économiste chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities
Ainsi, un yen trop faible pourrait avoir un effet inflationniste et comprimer le pouvoir d’achat des consommateurs japonais si les salaires ne suivent pas. Un équilibre subtil que la Banque du Japon et le gouvernement vont devoir s’efforcer de maintenir dans les mois à venir.
En attendant, la Bourse de Tokyo profite à plein de ce vent porteur et affiche une santé resplendissante. De quoi faire pâlir d’envie les places boursières occidentales, qui peinent à retrouver leur dynamisme d’avant-crise. Le Japon serait-il en train de redevenir la locomotive de l’économie mondiale, comme dans les années 80 ? L’avenir nous le dira.