Les marchés boursiers sont en ébullition ce mardi matin, avec une Bourse de Tokyo qui évolue dans le rouge. L’indice vedette Nikkei perdait 0,54% à 38.713,73 points peu après l’ouverture, tandis que l’indice élargi Topix reculait de 0,24% à 2.791,33 points. Quelles sont les raisons derrière cette baisse matinale et quelles conséquences peut-on en tirer pour l’économie japonaise et mondiale ?
Un yen remonté et des craintes sur l’économie américaine
Deux facteurs principaux expliquent le repli de la Bourse de Tokyo ce matin. D’une part, on assiste à une remontée du yen, qui pèse sur les revenus des entreprises exportatrices nippones. Le dollar s’échangeait à 156,39 yens vers 01h00 GMT contre 156,08 yens la veille. Un yen plus fort réduit mécaniquement la valeur en devise nationale des revenus générés à l’étranger par les firmes japonaises.
D’autre part, les inquiétudes sur la santé de l’économie américaine incitent à la prudence. Wall Street a terminé en ordre dispersé lundi après la publication d’un indice ISM manufacturier décevant pour avril, faisant craindre un ralentissement plus marqué que prévu de la première économie mondiale. Dans le sillage de la clôture mitigée à New York, Tokyo peine à trouver une direction claire.
La consommation de pétrole toujours en berne
Les cours du brut poursuivent par ailleurs leur recul, après avoir touché des plus bas de plusieurs mois. Cette tendance baissière s’explique notamment par l’annonce dimanche d’un assouplissement des coupes de production par l’Opep+ dès le mois d’octobre. Vers 00h50 GMT, le baril de WTI américain perdait 0,31% à 73,99 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord cédait 0,33% à 78,10 dollars.
Des poids lourds de la cote sous pression
Au niveau des valeurs individuelles, plusieurs mastodontes de l’industrie japonaise souffraient ce matin. Le constructeur automobile Toyota (-0,2%) a vu son siège perquisitionné par le ministère des Transports, suite à des soupçons de fraude sur des tests de certification de certains modèles. Honda (-1,81%) et Yamaha Motor (-0,52%) étaient également mal orientés.
Cette affaire est extrêmement regrettable.
Ken Saito, ministre japonais de l’Économie
Si la baisse de la Bourse de Tokyo reste pour l’instant contenue, elle illustre néanmoins la fébrilité actuelle des investisseurs, prompts à s’inquiéter du moindre signe de faiblesse de l’économie. Les prochaines séances permettront de voir si ce repli n’est qu’un soubresaut passager ou l’amorce d’une correction plus profonde des marchés actions.
Vers un regain de volatilité ?
Après des mois d’euphorie, portés par l’espoir d’un “atterrissage en douceur” de l’économie, les marchés pourraient être entrés dans une phase plus agitée. Les incertitudes restent nombreuses, entre risques de récession, poussée inflationniste persistante et resserrement monétaire des banques centrales.
- Les signes de ralentissement économique se multiplient, notamment aux États-Unis et en Europe
- L’inflation, bien qu’en recul, demeure nettement supérieure aux objectifs des instituts d’émission
- La Fed et la BCE devraient continuer à remonter leurs taux dans les mois à venir pour juguler la hausse des prix
Dans ce contexte, la prudence pourrait s’imposer sur les places boursières, avec à la clé un regain de volatilité. A court terme, le seuil symbolique des 39.000 points constituera un support important à surveiller pour l’indice Nikkei. Un retour durable sous ce niveau confirmerait la perte de momentum des acheteurs.
Tokyo, un reflet des tendances mondiales
Première place boursière d’Asie, la Bourse de Tokyo est souvent considérée comme un baromètre de la santé de l’économie mondiale. Son évolution ce mardi montre que les inquiétudes sur la croissance commencent à rattraper les investisseurs, après des mois d’insouciance béate.
Si la tendance se confirme, un réajustement plus global des valorisations pourrait se profiler, non seulement au Japon mais aussi sur les autres grandes places internationales. Les prochaines statistiques américaines et européennes seront à cet égard particulièrement scrutées pour jauger de l’état réel de l’économie.
A plus long terme, le potentiel de hausse des actions reste intact, soutenu par des fondamentaux solides des entreprises et une normalisation progressive des politiques monétaires. Mais à court terme, une phase d’ajustement et de doutes semble inévitable. La purge est peut-être saine après l’euphorie des derniers mois.
